La Bruyère a voulu donner des caractères des « mœurs » de son siècle sous des noms ouvertement fictionnels (Giton et Phédon, Pamphile, Théodecte…) garants de la généralité de la dénonciation : quelle différence dès lors avec le type, et comment comprendre que, s’agissant du caractère de Ménalque au moins (au chap. « De l’Homme »), La Bruyère se sente tenu de signaler en note « Ceci est moins un caractère qu’un recueil de faits de distraction » ? L’auteur des Caractères se défend en outre d’avoir délivré des portraits de ses contemporains, en interdisant donc la lecture satirique qui chercherait à reconnaître des modèles ou des « clés » derrière chacune de ses descriptions, mais il arrive pourtant qu’on croise, au hasard de la galerie, un individu parfaitement identifiable sous un nom supposé (le Grand Condé sous le nom d’Æmile au chap. « Du Mérite personnel ») : caractère ou portrait ?