L'art d'écrire à Marsens. Aliénisme, lieux d'échanges, traces et papiers à la fin du 19e siècle

Détails

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ID Serval
serval:BIB_D0457315B990
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
L'art d'écrire à Marsens. Aliénisme, lieux d'échanges, traces et papiers à la fin du 19e siècle
Auteur⸱e⸱s
Schupbach Jessica
Directeur⸱rice⸱s
Barras Vincent
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2022
Langue
français
Résumé
L’art d’écrire à Marsens se fonde sur une enquête de terrain menée dans les archives médicales de l’actuel « Centre de soins hospitaliers de Marsens – RFSM », héritier de l’ancien Asile de Marsens. Composées pour l’essentiel des dossiers des patients, ces archives, demeurées relativement intactes au fil du temps, contiennent d’innombrables écrits de natures diverses : correspondances, formulaires, notes et rapports qui s’inscrivent dans les sphères officielle, administrative, médicale et privée ; il s’agit de documents rédigés tantôt par le personnel de l’institution, par des médecins et des instances publiques, tantôt par l’entourage des malades et les patients eux-mêmes. La présence, dans les dossiers, de textes produits par ces derniers scripteurs, essentiellement des lettres qui n’ont pas été envoyées à leurs destinataires, constitue le point d’origine de cette recherche ; celle-ci est également sous-tendue par des questionnements ancrés dans le commissariat d’expositions et la conservation muséale de productions identifiées comme des « œuvres » par le domaine artistique et notamment celui de l’art brut. Si le regard culturel désigne ainsi certains documents, ce travail interroge le contexte, au sens large, dans lequel ces écrits ont été réalisés et les paramètres qui les ont conditionnés ; il se penche aussi sur les raisons pour lesquelles ces lettres, presque toutes adressées à des destinataires nommés, ont été archivées avant même leur envoi.
Pour documenter ces questions de façon approfondie, la période étudiée se concentre sur les débuts de l’hospice et de ses archives médicales : elle s’étend de l’ouverture de l’institution, en 1875, jusqu’au tournant du 20e siècle, moment clé de la mise en place à la fois de ses espaces, de ses lignes directrices et de son fonctionnement. Cette thèse s’intéresse donc à une tranche de l’histoire de cet asile appréhendé comme un lieu de « traitement » et de mise en œuvre de la médecine aliéniste de l’époque, comme un lieu de vie quotidienne, d’écriture, mais aussi de collecte des sources étudiées. Partant de son observation matérielle, cet ensemble de documents est également considéré en regard de ce qui unit ses auteurs au-delà de l’asile, à savoir une pratique culturelle commune, celle de l’écriture, dans un berceau social déterminé, à une époque précise. Fenêtre sur l’histoire d’un lieu, L’art d’écrire à Marsens propose aussi l’aperçu d’un savoir-faire spécifique et de ses usages.
La première partie, contextuelle, explore la traduction, dans le réel, de l’une des hypothèses fondatrices de cette thèse, celle d’échanges et de passages, entre intérieur et extérieur de l’asile, Hospice de Marsens et science aliéniste, acteurs concernés par la maladie mentale et société fribourgeoise de la fin du 19e siècle. Étudiant la facture des papiers et des mots, le rapport à l’écrit et son statut, la seconde partie, quant à elle, mobilise l’écriture comme prisme de lecture pour démontrer l’existence de la porosité postulée initialement, cette fois entre productions graphiques ou épistolaires ordinaires et asilaires, expressions singulières et usages partagés. Les patients se profilent alors en tant que représentants de leur époque, au même titre que leurs parents ; et le tableau dressé de cet asile, des lignes institutionnelles et thérapeutiques qui l’orientent, de son fonctionnement, de ses conditions de vie et de ses archives, donne aussi une idée des paramètres qui régissent la médecine mentale et le quotidien campagnard de ce siècle finissant.
Cette recherche attribue une place privilégiée à la voix des patients et aux témoignages des autres protagonistes dont les empreintes gestuelles et encrées apparaissent dans les archives médicales. Elle mène une analyse micro-historique et qualitative qui s’appuie sur une étude de récurrences thématiques, terminologiques et formelles ; la lecture accorde aussi une place à l’absence et aux silences, ainsi qu’à l’examen matériel des papiers, des techniques scripturales et des tracés. L’éclairage proposé saisit le matériau dans sa chair et les problématiques abordées depuis l’intérieur, en tentant de retracer l’environnement vécu de l’asile et visuel des archives.
Création de la notice
29/08/2022 11:05
Dernière modification de la notice
25/08/2023 5:57
Données d'usage