Cet article propose une brève histoire de la représentation des fantômes et des médiums au cinéma, en mettant en évidence trois étapes : le cinéma des premiers temps, le cinéma classique et le cinéma contemporain. De manière générale, qu’ils soient peuplés de vrais ou de faux spectres, qu’ils moquent ou prennent au sérieux le spiritisme, les films de fantôme revêtent une dimension réflexive relayée par le fonctionnement du dispositif cinématographique lui-même. En transformant l'écran en un espace propice à la manifestation de l'irrationnel et de l'impossible, ils invitent les spectateurs non seulement à remettre en question leurs propres convictions, mais aussi à appréhender la projection comme un lieu où la suspension d'incroyance devient une condition nécessaire pour rallier la fiction. Ces films interrogent donc doublement l'existence du surnaturel qui se déploie tant à l’échelle de la représentation filmique qu'à l’échelle de l'expérience spectatorielle, laquelle devient une opportunité d'entrer en contact avec le monde des esprits, qu'il s'agisse de les accepter ou de le rejeter.