Les ruses d'Ulysse sont légendaires : dans l'Iliade et dans l'Odyssée, l'aède décrit son habileté à tromper les gens et à raconter de fausses histoires pour dissimuler son identité. Il n'indique rien cependant sur le long récit de ses aventures fantastiques que fait le héros aux chants IX à XII de l'Odyssée. Jean Giono et Eyvind Johnson, écrivains, mais aussi lecteurs modernes de l'épopée homérique, proposent deux manières différentes de rationaliser ces récits en les présentant, dans la narration, comme des mensonges. Par une comparaison différentielle, cet article montrera comment Naissance de l'Odyssée et Strändernas svall développent cet aspect en étudiant le caractère mensonger du héros et la mise en scène des récits dans les romans. Il relèvera aussi le lien que créent les deux auteurs entre l'utilisation du mensonge et le processus de création littéraire.