L’anévrisme de l’artère poplitée est une maladie vasculaire relativement rare, découverte le plus souvent chez des patients asymptomatiques, mais responsable de complications potentiellement redoutables avec un taux d’amputation élevé. C’est pourquoi son traitement préventif est préconisé selon son diamètre et/ou en présence de thrombus mural.
Le traitement optimal de l’anévrisme de l’artère poplitée reste à ce jour controversé. La technique endovasculaire à l’aide de stents couverts connaît depuis plusieurs décennies une forte popularité en raison de son côté minimal invasif, avec des taux de perméabilité acceptables reportés dans la littérature. Néanmoins, l’option chirurgicale par pontage à l’aide de la grande veine saphène inversée semble demeurer le traitement de choix.
Du 1er octobre 2009 au 30 avril 2014, nous avons inclus tous les patients consécutifs à un traitement endovasculaire avec mise en place d’une endoprothèse Viabahn, au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, à Lausanne ; nous avons ainsi traité 38 anévrismes de l’artère poplitée chez 36 patients (dont 33 hommes, 91.7%). 27 (71.1%) patients étaient asymptomatiques. Les objectifs primaires étaient les taux de perméabilité primaire et secondaire, obtenus à l’aide de l’écho- doppler lors d’un suivi en angiologie. Les taux de perméabilité primaire à 6, 12, 24 mois et 5 ans étaient de 78.9%, 76.3%, 73.7% et 68.4%, respectivement. Les taux de perméabilité secondaire à 6, 12, 24 mois et 5 ans étaient de 92.1%, 89.5%, 86.8% et 81.6%, respectivement. Les objectifs secondaires comprennaient les taux de sauvetage de membre (94.7%) et de survie (89%) au long cours ainsi que le taux de réintervention, qui était de 2.6% à 30 jours postopératoires et de 23.7% durant le suivi. De plus, nous avons analysé les coûts en intra-hospitalier, en comparant notre collectif de patients avec un groupe de patients traités par voie ouverte, avec un coût moyen par patient qui s’élevait à 13'585  7690 francs suisses pour le groupe endovasculaire et à 19’138  6225 pour le groupe chirurgical (P<0.027).
En conclusion, le traitement endovasculaire dans le cadre de l’exclusion d’un anévrisme de l’artère poplitée est réalisable et sûr. Les taux de perméabilité au long-terme sont acceptables, et les coûts intra-hospitaliers globaux en faveur de la technique endovasculaire. Néanmoins, le taux de ré- intervention étant plus important après mise en place de stent(s), une sélection prudente des patients qui bénéficieraient le plus de l’alternative endovasculaire est fortement recommandée.