Contexte
La thermo-ablation par isolation circonférentielle des veines pulmonaires (WPVI) est le traitement de choix de la fibrillation auriculaire (FA) persistante avec un taux de succès d'environ 50%, variant selon l'ampleur du remodelage atrial. Ce remodelage résulte de remaniements électro-anatomiques de l'oreillette gauche, se reflétant par des modifications de plusieurs paramètres de l'onde P sur l’électrocardiogramme (ECG), tels que la durée, l'amplitude et la morphologie. L'évaluation de ces marqueurs offre des indices pertinents pour prédire le succès d'une thermo-ablation et guider la gestion des interventions.
Objectif
Déterminer quelles caractéristiques spécifiques de l'onde P sur l'ECG permettent d’améliorer l’identification des patients atteints d'une FA persistante (peAF) résistante à la thermo-ablation, et ainsi limiter le nombre de procédures invasives.
Méthode
35 patients (63.±.10.ans) atteints d'une peAF ont bénéficié d’une première WPVI. Une deuxième WPVI a été réalisée chez les patients présentant une récidive de FA afin de garantir une isolation complète des veines pulmonaires. Les patients classifiés comme "SUCCÈS" sont ceux qui maintenaient un rythme sinusal à la suite d’une ou deux procédures, tandis que ceux ayant récidivé après deux procédures sont classifiés comme "RÉCIDIVE". Immédiatement après la cardioversion et durant le premier intervalle de rythme sinusal suivant la première WPVI, la durée et l'amplitude moyennes de l'onde P sur la dérivation II de l’ECG ainsi que la durée et l'amplitude des déflexions positives et négatives sur la dérivation V1 de l’ECG ont été extraites.
Résultats
Après un suivi moyen de 32 ± 9 mois, 24 patients n’ont plus présenté de FA (groupe SUCCÈS), tandis que 11 patients ont développé une FA récurrente après deux WPVI (groupe RÉCIDIVE). Les analyses n'ont révélé aucune différence significative entre les deux groupes concernant la durée de l'onde P (dérivation II), de l'intervalle PR (dérivation II), et de la déflexion positive (dérivation V1), ou l'amplitude de l'onde P en DII et V1. Le groupe RÉCIDIVE présentait une prolongation significative de la négativité en V1, ainsi qu'un rapport plus élevé de la durée de l'onde P/PR, par rapport au groupe SUCCÈS (p<0.05). Ces tendances se retrouvaient dans la population entière et persistaient après exclusion des patients prenant des antiarythmiques (AARs) durant le suivi (population OFF AARs). Le ratio de la durée des déflexions négatives/positives était similaire entre les deux groupes dans la population entière (ON et OFF AARs) mais se révélait significativement plus élevé dans le groupe RÉCIDIVE par rapport au groupe SUCCÈS dans la population OFF AARs (p<0.05).
Conclusion
Une prolongation de la négativité en V1 de patients atteints de peAF atteste d'un remodelage électro-anatomique avancé de l'oreillette gauche, consécutif à une anomalie de conduction intra-atriale gauche. Elle est associée à un échec de la maintenance du rythme sinusal à long terme, réduisant ainsi les chances de succès de l'ablation.