Selon l’ONU, le groupe de population appartenant aux « 60 ans et + » triplera d’ici 2050 pour ainsi compter 2 milliards de personnes âgées dans le monde (1). Le nombre croissant de personnes appartenant à cette tranche d’âge va sans l’ombre d’un doute impacter l’incidence des accidents liés aux brûlures. Au sein de cette population, les lésions liées au feu représentent actuellement la seconde cause de mort par accident (2). En Suisse, le groupe des personnes âgées est celui qui possède le plus haut taux de mortalité lié aux brûlures par rapport aux adultes plus jeunes et aux enfants. (24) Sachant que le nombre des séniors augmente de façon importante et que la mortalité de ces accidents est élevée, il est essentiel de s’intéresser à la brûlure chez les personnes âgées.
Dans ce travail, nous définissons la personne âgée comme un individu ayant plus de 65 ans, seuil utilisé dans une grande partie des études menées. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)
Les brûlés du troisième âge représentent une population différente des brûlés plus jeunes, car plus vulnérable face à ces accidents. Les seniors possèdent des facteurs de risque qui leur sont propres et les mécanismes menant aux brûlures leur sont spécifiques, ce qui peut expliquer la prévalence accrue des brûlures dans cette population.
Après une brûlure, la morbidité engendrée pour les survivants est importante (1). La mortalité est elle-aussi augmentée. Cette dernière augmente de façon linéaire avec l’âge. (8)
La prévention a été définie en 1948 par l’OMS comme « l'ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps».
Depuis longtemps, il est clair que les brûlures sont d’excellentes candidates à la prévention. Dans beaucoup de pays, des programmes de prévention ont été proposés. Ceux-ci sont avant tout élaborés pour les enfants, premières victimes de ce type d’accident. Mais en visant la population pédiatrique, la propagation des informations ne se fait pas jusque dans la population des personnes âgées. (2)
Comme ceci est le cas pour tous les types d’accidents, la prévention que l’on cherche à développer est la prévention primaire. Celle-ci est définie par l’OMS ainsi: « la prévention primaire désigne l'ensemble des actes destinés à diminuer l'incidence d'une maladie ou d'un problème de santé, donc à réduire l'apparition des nouveaux cas dans une population saine par la diminution des causes et des facteurs de risque ».
Plusieurs stratégies de prévention existent. Des actions peuvent être entreprises tant au niveau d’une population entière qu’à un niveau individuel. Bien souvent, une combinaison de ces différents outils est la clé du succès de la prévention.
En Suisse Romande, plusieurs professionnels sont d’excellents candidats pour la mise en place d’une prévention. Mais pour le moment, les rôles ne sont pas clairement définis. Beaucoup d’acteurs essentiels ne connaissent pas l’existence de la brûlure gériatrique ni de ses caractéristiques.
Pourquoi développer une prévention de la brûlure ciblée sur la personne âgée est une étape essentielle? Sur quels paramètres faut-il que celle-ci se base? Quels sont les différents outils de prévention à employer? Quels acteurs doivent s’occuper de la prévention de la brûlure chez la personne âgée? Finalement, une prévention secondaire, pour les patients qui se sont brûlés une première fois, serait elle-aussi un axe intéressant à explorer ?