Introduction : L’hyperparathyroïdie primaire (HPP) résulte d’une augmentation de la sécrétion de la parathormone (PTH) due à un trouble d’une ou de plusieurs de quatre glandes parathyroïdes. L’HPP est causée par un adénome parathyroïdien dans environ 80 à 85% des cas. Le diagnostic étant strictement biologique, l’imagerie est seulement réalisée à visée préopératoire, dans le but d’aider le chirurgien dans le choix de la meilleure stratégie opératoire. La chirurgie minimale invasive n’est réalisable que si la glande pathologique est localisée au préalable. Les modalités d’imagerie utilisées dans ce contexte sont l’ultrason (US), le MIBI SPECT/CT et le FCH PET/CT. L’objectif de cette étude consiste à identifier les caractéristiques intrinsèques à la tumeur et/ou au patient qui pourraient expliquer les raisons pour lesquelles certains adénomes ne sont pas détectés par la méthode conventionnelle de scintigraphie au MIBI.
Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique basée sur un échantillon de 337 patients, dont 248 ont été inclus et 89 ont été exclus à cause d’une hyperplasie et/ou d’une pathologie thyroïdienne associée. Les patients ont été opérés au CHUV pour un adénome parathyroïdien entre le 01.01.2005 et le 31.10.2022. Ils ont eu différentes modalités d’imagerie comprenant un US, un MIBI et/ou dès 2017 un PET-FCH. Les données récoltées comprennent plusieurs caractéristiques des patients, telles que la taille, le poids, l’âge et le genre, ainsi que leurs valeurs biologiques, les résultats d’imagerie et les caractéristiques de l’adénome. Des modèles linéaires ont été appliqués pour identifier les différents facteurs propres aux patients et à la tumeur, prédictifs des résultats de l’imagerie MIBI.
Résultats : La sensibilité de l’US, du MIBI et du PET-FCH étaient respectivement de 73.7%, 80.6% et 88.9%. Les analyses ont révélé qu’un résultat positif à l’US (p=0.01), un taux de PTH élevé (p=0.02), un taux de calcium total élevé (p=0.0047), un adénome de grand volume (p=0.009) et de grand diamètre (p=0.0038), ainsi qu’un adénome P3 étaient prédictifs d’un résultat positif à la scintigraphie MIBI. De plus, un MIBI positif est associé à une durée opératoire de 60.5 ± 37.4 min, tandis qu’un MIBI négatif est corrélé à une durée de 85 ± 41.9 min (p=0.019). La durée opératoire avant et après l’utilisation du PET-FCH est respectivement de 70.8 ± 42.6 min et de 51.7 ± 28.6 min (p=0.000045). Il y a une diminution de 28% de la durée opératoire grâce à l’utilisation du PET-FCH. La proportion de cervicotomie exploratoire avant cette technique d’imagerie était de 29%, tandis que depuis son utilisation, le taux a chuté à 11%. Il est à noter que cette diminution représente une réduction de 62%, à savoir plus de la moitié des cervicotomies.
Conclusion : Cette étude met en évidence que la taille de l’adénome, la calcémie totale, le taux de PTH, le type d’adénome (P3, P4) et le résultat de l’US influencent de façon significative les résultats de l’imagerie MIBI. En Suisse, le PET-FCH est utilisé en première ligne dans le bilan préopératoire de l’HPP depuis le 1er juillet 2023. Le PET-FCH a permis de diminuer significativement le nombre de cervicotomies exploratrices, ainsi que la durée opératoire ; de plus il a une plus haute sensibilité que le MIBI dans la localisation des adénomes parathyroïdiens. La compréhension des facteurs limitants des différentes techniques d’imagerie permettrait d’optimiser la prise en charge des patients, et ainsi de probablement améliorer le rapport coûts/efficacité.