Naturaliser la ville Une géographie de la co-production de la ville et de l'écologie en Suisse (XXe-XXIe siècles)

Détails

Ressource 1Télécharger: these-CM-OK.pdf (37900.67 [Ko])
Etat: Public
Version: Après imprimatur
Licence: Non spécifiée
ID Serval
serval:BIB_B0F84CC35DF2
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
Naturaliser la ville Une géographie de la co-production de la ville et de l'écologie en Suisse (XXe-XXIe siècles)
Auteur⸱e⸱s
CHALMANDRIER Maud
Directeur⸱rice⸱s
SALOMON CAVIN Joëlle
Codirecteur⸱rice⸱s
GRANJOU Céline
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des géosciences et de l'environnement
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2024
Langue
français
Résumé
A la croisée de la géographie environnementale et des Science and Technology Studies, cette recherche doctorale étudie l’émergence et le développement de la ville en tant que lieu et objet de recherche de l’écologie scientifique en Suisse. Elle s’appuie sur une approche qui explore les formes de co-production des savoirs et de l’espace. La thèse s’intéresse aux ressorts de l’activité savante écologique en relation avec l’espace urbain, afin de comprendre ce que l’écologie fait à la ville d’une part, et ce que la ville fait à l’écologie d’autre part. Il s’agit d’explorer les formes d’articulation locale entre trois processus : la construction de la ville comme objet scientifique, la reconfiguration des natures de la ville, et la reconfiguration de la science écologique. La recherche porte sur un contexte géographique jamais étudié par l’histoire de l’écologie urbaine – la Suisse, pays européen multilingue et multiculturel – et s’étend sur une période historique remontant jusqu’au début du XXème siècle.
Partant de l’hypothèse d’un développement tardif et peu structuré de l’écologie urbaine en Suisse par rapport à d’autres contextes et au paysage intellectuel international, l’enquête adopte une démarche historiciste, attentive aux objets émergents, aux formes de marginalité et aux identités non stables qui caractérisent les trajectoires, les pratiques, l’engagement collectif et les ancrages institutionnels des chercheurs ayant produit des connaissances écologiques dans et sur la ville. Plusieurs types de matériaux empiriques ont été recueillis : entretiens semi- directifs, observations de terrain, corpus de publications, sources documentaires, et enfin bases de données sur les projets de recherche financés en écologie et en écologie urbaine au sein d’une institution académiques suisse. L’analyse croisée des matériaux, principe directeur de la démarche d’enquête itérative, permet d’identifier des moments, des lieux, des projets et des acteurs afin de retracer les conditions d’émergence de la recherche écologique urbaine en Suisse.
L’enquête de terrain met en lumière deux principaux résultats. Dans un premier temps, j’étudie l’évolution de l’intérêt naturaliste pour la ville chez les chercheurs amateurs et professionnels des sociétés naturalistes depuis le début du XXème siècle. En explorant le processus de construction de la ville comme objet de connaissance naturaliste, l’analyse révèle une pluralité de relations entre les naturalistes et la faune et flore des villes au fil du siècle, et comment l’activité naturaliste a contribué à l’« invention » de la nature urbaine et à sa mise en politique à partir des années 1980. Dans un deuxième temps, je montre comment la recherche écologique urbaine s’est ménagé une place dans les marges et à la frontière du monde universitaire depuis les années 1980. La légitimation scientifique de l’écologie urbaine s’explique moins par son institutionnalisation et l’affirmation d’une identité distincte, que par un processus d’intégration disciplinaire en écologie. Elle contribue en même temps à urbaniser l’écologie, c’est-à-dire à en ajuster les cadres, les pratiques et les outils d’analyse pour les adapter aux particularités de l’écosystème urbain, tout en réévaluant l’importance de la biodiversité urbaine et son rôle pour favoriser des villes vivables pour les humains et les non humains.
La thèse revisite ainsi l’histoire de l’écologie urbaine selon une perspective décentrée, attentive aux formes de co- production de la ville et de l’écologie qui se sont construites avant et en deçà de l’écologie urbaine en tant que domaine de recherche institué, et met en avant la créativité des chercheurs qui s’engagent dans la construction et la mise à l’agenda d’un objet scientifique en situation de marginalité.
--
At the crossroads of environmental geography and Science and Technology Studies, this doctoral thesis investigates the emergence and development of the city as a place and object of knowledge for ecological research in Switzerland. Grounded in an approach which explores forms of co-production of knowledge and space (Lachmund, 2013a), this research focuses on the dynamics of knowledge production in relation to urban space, in order to understand ecology’s impact on the city in a first stance, and its reverse phenomenon, the city’s impact on ecology, in a second stance. The aim of this work is to explore the forms of local articulation between three processes: the construction of the city as a scientific object, the reconfiguration of city’s natures, and the reconfiguration of ecological science. The research focuses on a geographical context neglected in the global history of urban ecology – Switzerland, a multilingual and multicultural European country – from a longitudinal perspective going back to the beginning of the 20th century.
The main hypothesis states that urban ecology in Switzerland emerged at a later stage and in an unstructured way. The survey thus adopts a historicist approach, attentive to emerging objects, forms of marginality and non-stable identities that characterize the trajectories, practices, collective commitment and institutional anchoring of researchers who have produced ecological knowledge in and about the city. Several types of empirical material have been collected such as, semi-structured interviews, field observations, corpus of publications, documentary sources, and finally databases on funded research projects in ecology and urban ecology within a Swiss academic institution. The cross-analysis of materials, which is a guiding principle of the iterative investigative approach, aims to identify places, projects and actors from a historical perspective, in order to trace the conditions of emergence of urban ecological research in Switzerland.
The research highlights two main findings. Firstly, I examine the evolution of naturalist interest in the city among amateur and professional researchers in naturalist societies since the beginning of the 20th century. In exploring how the city was built as an object of naturalist knowledge, the analysis reveals a plurality of relationships between naturalists and the flora and fauna of cities during the 20th century, and shows how naturalist activity contributed to the “invention” of urban nature from the 1980s onwards. Secondly, I show how urban ecological research has carved out a place for itself in the margins and interstices of the academic world since the 1980s. The scientific legitimization of urban ecology is explained less by its institutionalization and the construction of a distinct identity, than by a process of extension of the “disciplinary space” (Bocking, 2007) of ecology to the study of the urban ecosystem.
The thesis thus revisits the history of urban ecology from a decentered perspective, attentive to the forms of co- production of the city and ecology that were constructed before and alongside urban ecology as an institutionalized research field. It highlights the creativity of scientists who committed to grasping and promoting a new scientific object from a position of marginality.
Création de la notice
02/10/2024 8:41
Dernière modification de la notice
07/10/2024 10:39
Données d'usage