Les registres produits par les consistoires réformés font partie des sources traditionnellement mobilisées par l'historiographie du contrôle social à l'époque moderne. De récents regards critiques ont cependant mis en doute leur fiabilité en mettant à jour les processus de sélection qui interviennent en amont de l'enregistrement des informations. Afin de reformuler les termes de ce débat, ce texte insiste sur la nécessité de comprendre dans quel contexte s'inscrit la production de ces registres et à quelles fins ils servent. Il montre ainsi, en inscrivant les techniques graphiques d'enregistrement employées par les secrétaires du consistoire genevois dans une culture réformée de l'écrit et en analysant de manière comparative ces techniques au XVIe et au XVIIIe siècles, que les registres consistoriaux ont au début de la période, d'abord pour fonction de témoigner d'un cheminement pénitentiel collectif et qu'ils ne forment plus à la fin de la période, que l'archive institutionnelle d'un véritable contrôle social.