À l'issue de la scolarité obligatoire en Suisse, une majorité de jeunes entame une formation professionnelle initiale. Cette socialisation est le lieu d'une série de transformations organisationnelles, mais aussi identitaires importantes. Il s'agit à la fois de repenser son emploi du temps face aux nouvelles contraintes quotidiennes tout en réajustant sa position dans une série de rôles sociaux. À l'aune d'une approche temporaliste permettant d'interroger tant les cadres temporels dans lesquels les individus se meuvent que les expériences plus subjectives qu'ils font du temps, cette thèse investigue ce processus de socialisation à partir de deux apprentissages différents, les médiamaticiens et les assistantes en soins en santé communautaire.
Après avoir montré que l'entrée en apprentissage constitue un moment relativement sensible selon la socialisation antérieure des apprentis, ce travail s'intéresse aux valeurs, représentations et manières de « travailler le temps » propres à chacun des deux métiers retenus. La focale est notamment mise sur la façon dont les apprentis les intègrent progressivement, participant ainsi à asseoir leur identité professionnelle mais aussi leur identité de genre. En effet, ces deux métiers étant fortement genrés, la socialisation aux manières de « temporer » qui leur sont propres participent à construire du genre. Mais l'investigation des temporalités de ces apprentis ne se cantonne pas à l'unique sphère formative. Leur organisation quotidienne du temps et leurs perspectives sont aussi interrogées. Entre les discours sur leurs temporalités et leurs manières de travailler le temps, mais aussi entre les multiples espaces sociaux qu'ils fréquentent, des différences se donnent à voir, à partir desquelles cette thèse démontre que les temporalités participent non seulement de la construction mais aussi de l'affirmation des multiples identités sociales dont chaque individu est porteur.
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As compulsory school reaches an end in Switzerland, a majority of teenagers integrate the professional sphere with an apprenticeship. This socializâtion is the resuit of différent important organisation^ and identity transformations. These young professionals have to re-examine their time-management skills and assert their position in a variety of social rôles. With regard to a time- based perspective that offers a deeper questionning of the time frames within which indivuals operate as well as understanding their more subjective experiencing of time, this thesis aims to investigate this socializing process under the two professional approaches of a multimédia specialist and a healthcare assistant.
This research will focus firstly on the initial steps of professional training among young people and how this can be a relatively sensitive stage depending on their prior experiences of socialization. Secondly, some light will be shed on the values, représentations and différent manners to « manage time » that are specific to each of the two professions covered. Further attention will be paid to the différent ways young professional trainees manage to integrate the elements mentioned above, thus allowing them to assert not only their profesionnal identity, but their gender identity as well. Indeed, as both professions are heavily gendered, the socialization that results from the différent ways time is perceived also participâtes in the construction and reproduction of gender. Nevertheless, investigating the subjective perception of time these teenagers have is not limited to the formative sphere. Their perspectives and the way they manage time on a daily basis will also be subjected to questioning. Between the différent discourses on their subjective perspective on time and their manners to manage it, including the various social spaces they interact with, emerging différences provide substance to this research. Différent subjective time perceptions do not only play an active rôle in the construction of multiple social identities, but also their assertion among concerned individuals.