DEVENIR INTELLECT. L'âme dans le projet philosophique de Plotin
Détails
ID Serval
serval:BIB_A92840B5717C
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
DEVENIR INTELLECT. L'âme dans le projet philosophique de Plotin
Directeur⸱rice⸱s
Schniewind Alexandrine
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Adresse
Faculté des lettres
Université de Lausanne
CH-1015 Lausanne
Université de Lausanne
CH-1015 Lausanne
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2017
Langue
français
Résumé
La question de départ de ma thèse est celle de l'âme dans le projet philosophique de Plotin ; plus précisément, j'ai essayé de comprendre ce que pouvait signifier, pour l'âme humaine, de devenir Intellect.
Pour Plotin, l'âme humaine est amphibie : elle mène à la fois une existence sensible, devant soigner et administrer le corps dont elle a la charge, et une existence intelligible, puisqu'une partie d'elle reste toujours préservée au sein de l'Âme totale, la dernière des trois réalités du monde intelligible dont la spécificité est de ne jamais descendre dans le monde sensible et de contenir toutes les âmes individuelles, celles du monde, des astres, et les âmes humaines. Il revient à l'âme humaine de préférer l'une ou l'autre de ces vies, mais Plotin l'enjoint à se tourner vers l'intelligible car à trop s'enfoncer dans le domaine des corps, l'âme peut s'affaiblir et s'abîmer.
Il est une meilleure vie à la portée de l'âme humaine, et cette vie, nous dit Plotin, c'est celle de l'Intellect : dans le monde sensible, l'âme est soumise aux vicissitudes du devenir et ne peut connaître qu'un bonheur passager et obscurci par le gré des circonstances. En revanche, l'âme qui est devenue Intellect, c'est-à-dire celle du sage, jouit d'une bonheur stable et totale. Qui plus est, en devenant Intellect, elle est au plus près du principe suprême, le Bien. Mais ce que signifie devenir Intellect, pour Plotin, n'est pas du tout clair : faut-il comprendre que l'âme humaine doit se hisser au niveau ontologique supérieur, celui de l'hypostase de l'Intellect, ou devient-elle Intellect en s'identifiant à sa partie supérieure restée préservée au sein de l'hypostase de l'Âme ? Cette question demande de s'intéresser au mode de pensée de cette dernière : si elle pense de manière discursive, alors elle est incontestablement différente de son principe, l'Intellect, et l'âme humaine qui est devenue Intellect a dépassé le fossé ontologique qui sépare les deux niveaux hiérarchiques ; en revanche, si elle pense de manière noétique, elle est noûs, et on est encouragé à soutenir que c'est en s'identifiant à sa partie intelligible que l'âme devient Intellect. Or les Ennéades nous donnent quasiment autant d'arguments, textuels ou doctrinaux, pour soutenir l'une des alternatives. Mes recherches m'ont amené à soutenir, d'une part, que c'est en étant Âme totale que l'âme humaine devient Intellect ; autrement dit, je ne pense pas qu'elle ait à se hisser au-delà de ce qu'elle est pour réaliser la finalité du "devenir Intellect". Et cette position amène à la seconde hypothèse que j'ai cherché à soutenir, à savoir que l'Âme totale a une pensée noétique. Mon raisonnement comporte deux étapes. Dans un premier temps, je montre qu'en s'identifiant à sa partie intelligible, c'est-à-dire en s'affranchissant des influences du corps, l'âme devient Intellect, ou tout du moins une sorte d'intellect : elle s'identifie à son oikeion, c'est-à-dire l'Intellect tel qu'il se manifeste en elle. C'est ainsi, selon moi, que l'âme humaine peut réaliser le projet philosophique auquel l'exhorte Plotin, à savoir "devenir Intellect". Dans un second temps, j'essaie de montrer, en proposant un scénario de la genèse de l'hypostase de l'Âme à partir de l'Intellect, comme l'Intellect peut se retrouver en sa totalité en chaque âme individuelle : en s'identifiant à sa partie intelligible, l'âme devient l'Intellect tel qu'il se reflète en elle, mais ce faisant, elle possède l'Intellect en son entier: certes de manière plus fragmentée, mais étant donné que dans l'intelligible, tout est ensemble (la totalité reflète chaque partie, et chaque partie, la totalité - ce rapport méréologique est ce qui distingue la réalité sensible de la réalité intelligible), alors l'Intellect est néanmoins dans sa totalité dans chacune des âmes.
Pour Plotin, l'âme humaine est amphibie : elle mène à la fois une existence sensible, devant soigner et administrer le corps dont elle a la charge, et une existence intelligible, puisqu'une partie d'elle reste toujours préservée au sein de l'Âme totale, la dernière des trois réalités du monde intelligible dont la spécificité est de ne jamais descendre dans le monde sensible et de contenir toutes les âmes individuelles, celles du monde, des astres, et les âmes humaines. Il revient à l'âme humaine de préférer l'une ou l'autre de ces vies, mais Plotin l'enjoint à se tourner vers l'intelligible car à trop s'enfoncer dans le domaine des corps, l'âme peut s'affaiblir et s'abîmer.
Il est une meilleure vie à la portée de l'âme humaine, et cette vie, nous dit Plotin, c'est celle de l'Intellect : dans le monde sensible, l'âme est soumise aux vicissitudes du devenir et ne peut connaître qu'un bonheur passager et obscurci par le gré des circonstances. En revanche, l'âme qui est devenue Intellect, c'est-à-dire celle du sage, jouit d'une bonheur stable et totale. Qui plus est, en devenant Intellect, elle est au plus près du principe suprême, le Bien. Mais ce que signifie devenir Intellect, pour Plotin, n'est pas du tout clair : faut-il comprendre que l'âme humaine doit se hisser au niveau ontologique supérieur, celui de l'hypostase de l'Intellect, ou devient-elle Intellect en s'identifiant à sa partie supérieure restée préservée au sein de l'hypostase de l'Âme ? Cette question demande de s'intéresser au mode de pensée de cette dernière : si elle pense de manière discursive, alors elle est incontestablement différente de son principe, l'Intellect, et l'âme humaine qui est devenue Intellect a dépassé le fossé ontologique qui sépare les deux niveaux hiérarchiques ; en revanche, si elle pense de manière noétique, elle est noûs, et on est encouragé à soutenir que c'est en s'identifiant à sa partie intelligible que l'âme devient Intellect. Or les Ennéades nous donnent quasiment autant d'arguments, textuels ou doctrinaux, pour soutenir l'une des alternatives. Mes recherches m'ont amené à soutenir, d'une part, que c'est en étant Âme totale que l'âme humaine devient Intellect ; autrement dit, je ne pense pas qu'elle ait à se hisser au-delà de ce qu'elle est pour réaliser la finalité du "devenir Intellect". Et cette position amène à la seconde hypothèse que j'ai cherché à soutenir, à savoir que l'Âme totale a une pensée noétique. Mon raisonnement comporte deux étapes. Dans un premier temps, je montre qu'en s'identifiant à sa partie intelligible, c'est-à-dire en s'affranchissant des influences du corps, l'âme devient Intellect, ou tout du moins une sorte d'intellect : elle s'identifie à son oikeion, c'est-à-dire l'Intellect tel qu'il se manifeste en elle. C'est ainsi, selon moi, que l'âme humaine peut réaliser le projet philosophique auquel l'exhorte Plotin, à savoir "devenir Intellect". Dans un second temps, j'essaie de montrer, en proposant un scénario de la genèse de l'hypostase de l'Âme à partir de l'Intellect, comme l'Intellect peut se retrouver en sa totalité en chaque âme individuelle : en s'identifiant à sa partie intelligible, l'âme devient l'Intellect tel qu'il se reflète en elle, mais ce faisant, elle possède l'Intellect en son entier: certes de manière plus fragmentée, mais étant donné que dans l'intelligible, tout est ensemble (la totalité reflète chaque partie, et chaque partie, la totalité - ce rapport méréologique est ce qui distingue la réalité sensible de la réalité intelligible), alors l'Intellect est néanmoins dans sa totalité dans chacune des âmes.
Création de la notice
01/06/2017 11:19
Dernière modification de la notice
29/10/2020 11:49