Accéder à des soins psychiatriques de bonne qualité lorsqu’on vit avec un déficit auditif requiert de surmonter un grand nombre d’obstacles. Pourtant, la prévalence des affections psychiatriques dans les communautés sourdes et malentendantes est supérieure à la collectivité entendante. De nombreux facteurs explicatifs entrent en ligne de compte. Pour l’illustrer, nous citerons, de manière non-exhaustive, le contexte particulièrement maltraitant dans lequel évoluent fréquemment ces personnes, la stigmatisation de ces communautés et les difficultés relationnelles intra et extrafamiliales qu’elles rencontrent. Ces difficultés psychiques et les besoins qui en découlent doivent être adressés à des professionnels en santé mentale. Cependant, ces derniers rencontrent de nombreuses difficultés à prendre en charge convenablement les patients sourds et malentendants. Par conséquent, ils demandent une réelle amélioration du système de soins pour y parvenir.
La littérature étant éparse sur le sujet, nous avons rencontré des psychologues et des psychiatres d’horizons divers, exerçant en Suisse romande, afin de bénéficier de leurs avis sur la problématique. Nous nous sommes fixés pour objectifs de comprendre leurs difficultés, d’écouter leurs besoins concernant la prise en charge des patients issus des communautés sourdes et malentendantes et de récolter leurs idées d’amélioration du système de santé actuel. L’analyse de la littérature et les réponses de nos participants nous ont permis d’esquisser les grandes lignes d’une intervention à développer, afin d’offrir à cette patientèle et aux professionnels un meilleur environnement de soins psychiatriques.