Médecine et durabilité : une nécessité !
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Licence: CC BY-NC-ND 4.0
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ID Serval
serval:BIB_9164A97A1A5B
Type
Article: article d'un périodique ou d'un magazine.
Sous-type
Editorial
Collection
Publications
Institution
Titre
Médecine et durabilité : une nécessité !
Périodique
Revue médicale suisse
Statut éditorial
Publié
Date de publication
08/05/2019
Volume
15
Numéro
650
Pages
939-940
Langue
français
Résumé
La durabilité en médecine de famille peut se comprendre selon différentes perspectives : durabilité de l’environnement avant tout, mais aussi durabilité du point de vue de l’organisation du cabinet, durabilité du système de santé en assurant la relève, durabilité de la santé du médecin, durabilité des messages transmis aux patients.
Depuis janvier 2019, les écolières-ers et étudiant-e-s suisses se sont rallié-e-s à ceux de Suède et d’autres pays à travers le monde pour manifester en faveur de la préservation de l’environnement et de notre planète. Ces actions résonnent pour nous, médecins, car notre profession inclut une responsabilité sociale, nous poussant à prendre part à cette réflexion sociétale. Nous devons en effet promouvoir une pratique durable de la médecine, qui permettra à notre société de se développer dans le respect des générations qui nous suivent. Si certains rapports scientifiques de qualité dressent un tableau des conséquences dramatiques du réchauffement climatique sur la santé, étrangement peu de travaux ont été réalisés décrivant les enjeux et l’impact de notre pratique quotidienne sur l’environnement et sa viabilité à long terme. Il semble dès lors urgent de réfléchir à la manière dont notre médecine contribue à la dégradation de notre planète. Quelles sont les voies à suivre pour y remédier, au moins en partie ?
Une médecine durable est aussi une médecine qui est socialement soutenable et supportable
Combien de fois avons-nous demandé à nos patients ce qu’ils faisaient du surplus de comprimés qu’ils avaient à leur domicile ? Et qui se pose régulièrement la question, lors de la rédaction d’une ordonnance, de l’impact écologique des substances prescrites ? De même, combien de fois nous sommes-nous préoccupés de savoir si nos usages respectaient des principes écologiques ? Et de manière générale, qui d’entre nous s’est déjà intéressé à connaître l’empreinte écologique de sa pratique individuelle ?
Par nos prescriptions (qui participent directement à la pollution des eaux et indirectement par les excédents de production pharmacologique), par l’usage de matériel jetable, par certaines technologies polluantes, par l’utilisation de matériaux implantés toxiques, par les ressources énergétiques utilisées par la production et la consommation de soins, notre médecine contribue aussi à la dégradation de la nature : nous devons donc limiter ces usages au plus strict nécessaire. Une étude a en effet rapporté que le secteur de la santé comptait pour pratiquement 10 % du total des émissions de CO2.1
Une médecine durable est aussi une médecine qui est socialement soutenable et supportable tant au niveau des coûts financiers que des valeurs éthiques et morales. La surspécialisation de la médecine favorise la surmédicalisation, l’utilisation déraisonnable des ressources (au sens large) et fait exploser les coûts de la santé, sans avoir nécessairement un impact positif sur la santé des patients. Un article récent publié dans le JAMA confirme ce que montraient déjà les études bien connues de Barbara Starfield, à savoir l’utilité pour le système de santé d’augmenter la proportion de médecins de famille afin d’assurer des soins plus efficaces, un accès aux soins à tous, et une réduction nette des coûts.2,3 Les instituts de médecine de famille œuvrent dans toutes les universités de médecine suisses pour promouvoir de façon durable le choix de carrière de nos plus jeunes collègues vers cette spécialité.
Du point de vue de l’organisation des cabinets de médecine de famille, la durabilité consiste à répondre le mieux possible aux besoins de la population (et non seulement aux besoins individuels des patients). Cela se traduit par un renforcement des activités de prévention et de promotion de la santé et la création de vraies équipes interprofessionnelles, incluant notamment des infirmières aux côtés des assistantes médicales, et d’autres professionnels tels que des assistants sociaux, des physiothérapeutes ou des ergothérapeutes.
Si nous voulons promouvoir une médecine durable, nous devons également veiller à modifier les conditions de travail des médecins et du personnel de santé dans un monde accéléré et de plus en plus technologique, dans lequel les professionnels de santé doivent trop souvent faire face à des attentes multiples venant des patients, des assurances, de la société ou parfois d’eux-mêmes, avant de s’effondrer en burnout. Là encore, il s’agit de trouver des pistes pour aider les médecins à pratiquer une médecine qui réponde aux besoins de la société tout en permettant un équilibre épanouissant sur la durée. Cela passe aussi par une amélioration de notre communication, pour favoriser la qualité de nos prises en charge et la satisfaction des patients, notamment en donnant des messages durables dans des situations d’urgence. Dans ce contexte, l’utilisation de fiches d’information-patient offre une piste intéressante.
Défendons des valeurs éthiques et sociétales du soin afin d’assurer la durabilité
Il est grand temps de s’inspirer du mouvement initié par les jeunes en faveur du climat et de sortir d’une certaine retenue qui nous pousse à intervenir uniquement dans le périmètre étroit de la prise en charge médicale (traiter et prescrire). A l’instar des jeunes manifestants, défendons des valeurs éthiques et sociétales du soin afin d’assurer la durabilité, non seulement de notre système de santé, mais aussi de notre planète !
Depuis janvier 2019, les écolières-ers et étudiant-e-s suisses se sont rallié-e-s à ceux de Suède et d’autres pays à travers le monde pour manifester en faveur de la préservation de l’environnement et de notre planète. Ces actions résonnent pour nous, médecins, car notre profession inclut une responsabilité sociale, nous poussant à prendre part à cette réflexion sociétale. Nous devons en effet promouvoir une pratique durable de la médecine, qui permettra à notre société de se développer dans le respect des générations qui nous suivent. Si certains rapports scientifiques de qualité dressent un tableau des conséquences dramatiques du réchauffement climatique sur la santé, étrangement peu de travaux ont été réalisés décrivant les enjeux et l’impact de notre pratique quotidienne sur l’environnement et sa viabilité à long terme. Il semble dès lors urgent de réfléchir à la manière dont notre médecine contribue à la dégradation de notre planète. Quelles sont les voies à suivre pour y remédier, au moins en partie ?
Une médecine durable est aussi une médecine qui est socialement soutenable et supportable
Combien de fois avons-nous demandé à nos patients ce qu’ils faisaient du surplus de comprimés qu’ils avaient à leur domicile ? Et qui se pose régulièrement la question, lors de la rédaction d’une ordonnance, de l’impact écologique des substances prescrites ? De même, combien de fois nous sommes-nous préoccupés de savoir si nos usages respectaient des principes écologiques ? Et de manière générale, qui d’entre nous s’est déjà intéressé à connaître l’empreinte écologique de sa pratique individuelle ?
Par nos prescriptions (qui participent directement à la pollution des eaux et indirectement par les excédents de production pharmacologique), par l’usage de matériel jetable, par certaines technologies polluantes, par l’utilisation de matériaux implantés toxiques, par les ressources énergétiques utilisées par la production et la consommation de soins, notre médecine contribue aussi à la dégradation de la nature : nous devons donc limiter ces usages au plus strict nécessaire. Une étude a en effet rapporté que le secteur de la santé comptait pour pratiquement 10 % du total des émissions de CO2.1
Une médecine durable est aussi une médecine qui est socialement soutenable et supportable tant au niveau des coûts financiers que des valeurs éthiques et morales. La surspécialisation de la médecine favorise la surmédicalisation, l’utilisation déraisonnable des ressources (au sens large) et fait exploser les coûts de la santé, sans avoir nécessairement un impact positif sur la santé des patients. Un article récent publié dans le JAMA confirme ce que montraient déjà les études bien connues de Barbara Starfield, à savoir l’utilité pour le système de santé d’augmenter la proportion de médecins de famille afin d’assurer des soins plus efficaces, un accès aux soins à tous, et une réduction nette des coûts.2,3 Les instituts de médecine de famille œuvrent dans toutes les universités de médecine suisses pour promouvoir de façon durable le choix de carrière de nos plus jeunes collègues vers cette spécialité.
Du point de vue de l’organisation des cabinets de médecine de famille, la durabilité consiste à répondre le mieux possible aux besoins de la population (et non seulement aux besoins individuels des patients). Cela se traduit par un renforcement des activités de prévention et de promotion de la santé et la création de vraies équipes interprofessionnelles, incluant notamment des infirmières aux côtés des assistantes médicales, et d’autres professionnels tels que des assistants sociaux, des physiothérapeutes ou des ergothérapeutes.
Si nous voulons promouvoir une médecine durable, nous devons également veiller à modifier les conditions de travail des médecins et du personnel de santé dans un monde accéléré et de plus en plus technologique, dans lequel les professionnels de santé doivent trop souvent faire face à des attentes multiples venant des patients, des assurances, de la société ou parfois d’eux-mêmes, avant de s’effondrer en burnout. Là encore, il s’agit de trouver des pistes pour aider les médecins à pratiquer une médecine qui réponde aux besoins de la société tout en permettant un équilibre épanouissant sur la durée. Cela passe aussi par une amélioration de notre communication, pour favoriser la qualité de nos prises en charge et la satisfaction des patients, notamment en donnant des messages durables dans des situations d’urgence. Dans ce contexte, l’utilisation de fiches d’information-patient offre une piste intéressante.
Défendons des valeurs éthiques et sociétales du soin afin d’assurer la durabilité
Il est grand temps de s’inspirer du mouvement initié par les jeunes en faveur du climat et de sortir d’une certaine retenue qui nous pousse à intervenir uniquement dans le périmètre étroit de la prise en charge médicale (traiter et prescrire). A l’instar des jeunes manifestants, défendons des valeurs éthiques et sociétales du soin afin d’assurer la durabilité, non seulement de notre système de santé, mais aussi de notre planète !
Création de la notice
19/02/2020 15:20
Dernière modification de la notice
16/04/2024 6:20