Les villes italiennes de Gênes et de Florence, dépourvues de carnavals historiques, ont vu émerger des carnavals anti-touristiques à la fin des années 2010. Dans les deux cas, des pratiques militantes mêlant art et activisme, ont abouti à l’invention de carnavals comme ressource de résistance contre une touristification et une gentrification galopantes. Ces initiatives portées par des acteur.e.s local.e.s, mais étant inscrit.e.s dans un réseau translocal européen, s’inscrivent dans une série d’actions subversives dont la dérision est un élément stylistique et esthétique central. En partant d’une entrée épistémologique par l’événement, le chapitre traitera de quelques résultats du projet « ARTIVISM. Art and activism. Creativity and Performance as Subversive Forms of Political Expression in Super-Diverse Cities” financé par le Conseil Européen de Recherche (ERC) et dirigé par l’auteure. Il en résulte une multitude de pratiques artistiques sur trois continents. Par des pratiques subversives et délibérément libres, sans autorisation officielle, une réappropriation de l’espace est revendiquée. Cette esthétisation des luttes à travers des performances carnavalesques a différentes conséquences, souhaitées et non intentionnées. Parmi ces derniers se trouve un amusement des touristes, initialement considérés comme cibles des satires inventées au cours des carnavals. Les effets contradictoires de la rébellion momentanée seront également analysés.