Pendant longtemps, la dégénérescence progressive du cartilage a été considérée comme la caractéristique principale de l’arthrose et la majorité des recherches se sont concentrées sur la perte ou la détérioration du cartilage. Aujourd’hui, il est clair que l’arthrose ne se limite pas uniquement à l’amincissement du cartilage. Les altérations de l’os sous-chondral sont désormais fréquemment évoquées comme potentiellement importantes dans le développement de la maladie [4]. Cependant, le rôle et le moment des changements qui se produisent au niveau de l'os sous- chondral dans l’arthrose ne sont pas bien compris. Plus particulièrement, l’on ignore si les changements observés se produisent avant, simultanément ou secondairement à la dégénérescence du cartilage articulaire [15,16]. Parmi les propriétés de l’os sous-chondral, la densité osseuse est particulièrement importante car elle dépend de la mécanique du genou et influence également les contraintes mécaniques subies par le cartilage. Actuellement, il n’y a pas de traitement curatif existant pour l’arthrose. Le fait de s’intéresser à cette structure est essentiel car l’os sous-chondral pourrait être une cible possible dans le développement de nouveaux agents thérapeutiques. Une étude récente réalisée par Omoumi P. et coll. [23] utilisant des images d’arthro-CT, s’est intéressée à la densité de l’os sous-chondral au niveau du tibia et du fémur. Cette étude a comparé comment celle-ci variait entre des genoux sains et des genoux atteints d’arthrose fémoro-tibiale médiale à des stades déjà avancés de la pathologie. Les résultats ont montré que la densité osseuse du compartiment médial est significativement plus élevée à des degrés sévères de la pathologie comparée aux genoux sains. Cependant, la chronologie des différences de densité osseuse à travers les différents degrés d’atteinte n’a pas été évaluée. Ainsi, notre étude s’est intéressée à comparer la densité osseuse sous-chondrale du fémur de 136 genoux sains et à différents stades d’arthrose fémoro-tibiale médiale. Les résultats ont montré que la densité osseuse sous-chondrale au niveau du fémur est significativement différente principalement à un stade avancé de la pathologie, ce qui suggère que les changements au niveau de l’os sous-chondral apparaissent tardivement dans l’évolution de la pathologie. Ainsi, ces résultats questionnent l’importance du changement de la densité osseuse sous-chondrale comme cause de la dégénérescence du cartilage, théorie récemment évoquée dans la littérature.