Drogues sur Internet : Etat des lieux sur la situation en Suisse
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ID Serval
serval:BIB_77FB91CF52EA
Type
Rapport: document publié par une institution, habituellement élément d'une série.
Collection
Publications
Institution
Titre
Drogues sur Internet : Etat des lieux sur la situation en Suisse
Détails de l'institution
Addiction Suisse et Ecole des Sciences Criminelles (ESC/UNIL)
Adresse
Addiction Suisse, case postale 870, 1001 Lausanne,
ISBN
978-2-88183-234-5
Date de publication
27/11/2018
Numéro
Rapport de recherche N°98
Langue
français
Notes
http://www.addictionsuisse.ch/actualites/communiques-de-presse/article/drogues-sur-internet-premier-etat-des-lieux-de-la-situation-en-suisse/
Résumé
Où trouve-t-on des drogues sur Internet, comment sont-elles vendues, quelle est la taille du marché et quelle est la place de la Suisse dans celui-ci ? Pour essayer de répondre à ces questions, Addiction Suisse et l’Ecole des Sciences Criminelles de l’UNIL ont collecté et analysé un ensemble de données pertinentes sur mandat de l’Office Fédéral de la Santé Publique.
Internet est constitué de trois composants de base : un réseau de transmissions (câbles ou ondes), un système de reconnaissances des dispositifs interconnectés (le protocole IP) et des protocoles de transport de données. Ensemble, ils permettent l’usage d’applications (web, e-mail, messaging) de communication et de partage d’information.
Il est possible de trouver et d’acheter des drogues sur de nombreuses applications incluant les sites web, qu’ils soient dissimulés ou non, mais aussi les réseaux sociaux et les applications de messagerie. On peut y rencontrer différentes stratégies de promotion, différents espaces de vente mais aussi d’évaluation des stupéfiants proposés. D’autres produits comme des médicaments, des produits dopants et des nouvelles substances psychoactives (NPS) sont aussi mis en vente.
Les connaissances concernant la vente de stupéfiants sur les différentes applications présentes sur Internet sont encore balbutiantes, à l’exception des cryptomarchés qui sont souvent spécialisés dans ce domaine. Il s’agit de plateformes de vente qui permettent un certain anonymat. Le recours à des infrastructures spécifiques (appelés darknets), à des espaces du web qui ne sont pas ou peu régulés (les darkwebs), à des communications cryptées et à des cryptomonnaies comme le Bitcoin® permettent cet anonymat. Les darkwebs, et les cryptomarchés qu’ils hébergent, restent cependant minuscules par rapport à l’ensemble des espaces du Web.
La vente de stupéfiants sur les cryptomarchés a été révélée par le site Silk Road. Depuis, de nombreux sites similaires sont apparus mais avec des durées de vie souvent assez courtes, en raison de fraudes internes ou de l’intervention des forces de l’ordre. Les sites reposent sur la gestion par des administrateurs et sur des annonces qui décrivent le produit, son prix et les conditions de son acquisition. Ils s’appuient aussi sur l’évaluation des produits et des vendeurs par les acheteurs. Ils sont ainsi, dans leur forme, similaires à de nombreux sites connus comme ebay®.
Pour comprendre la place que joue la Suisse dans ce marché, des téléchargements des données de l’un des principaux cryptomarchés de stupéfiants (AlphaBay, actif de fin 2014 à juillet 2017) ont été réalisés. Ils montrent que les pays de provenance les plus cités sont les pays anglo-saxons (États-Unis, Canada, Australie, Royaume-Uni) les Pays-Bas et l’Allemagne. La Suisse occupe une place moins importante mais, si l’on considère sa taille, son rôle n’est pas négligeable au niveau de la vente. Ainsi, 57 comptes vendeurs déclarant se situer en Suisse ont réalisé un peu plus de dix mille transactions pour un chiffre d’affaires d’environ 1,3 million de francs sur AlphaBay. La vente de stimulants concerne 85% de ces transactions avec surtout de petites quantités et des prix proches de ceux du marché physique. Ces ventes ne représentent en fait qu’une très petite partie du marché des stupéfiants en Suisse mais quelques vendeurs réalisent des chiffres d’affaires conséquents allant jusqu’à près de 30'000 dollars par mois.
Il existe peu de données sur les personnes en Suisse qui commandent des drogues sur Internet. Une analyse des données du Global Drug Survey, suggère que l’achat sur le web et sur les darkwebs reste limité, mais avec une tendance à l’augmentation. Des données plus anciennes montrent que le cannabis et les stimulants sont les produits les plus commandés par les acheteurs suisses. Ceux-ci commandent chez des vendeurs en Suisse mais aussi à l’étranger, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Belgique. Les commandes à l’étranger sont généralement associées à des quantités plus importantes mais restent relativement modestes. En moyenne, hormis pour le cannabis, les achats dépassent rarement 5 à 10 grammes en moyenne.
Un petit sondage auprès des polices cantonales a montré que les enquêtes concernant les achats de stupéfiants sur Internet restent jusqu’ici assez rares. Elles résultent souvent d’une information transmise par un informateur ou de la découverte d’un ordinateur allumé lors d’une perquisition. Le cas le plus fréquent concerne les colis interceptés par les douanes avec de petites quantités commandées sur Internet, le plus souvent du cannabis, des stimulants ou des hallucinogènes.
On retiendra de cette exploration des données sur les marchés des drogues sur Internet, que ceux-ci se trouvent dans différents espaces du web, notamment les darkwebs, mais qu’ils ne semblent jusqu’ici constituer qu’une très petite partie du marché des stupéfiants, en tout cas en Suisse. Il y a toutefois quelques indications que le phénomène tend à s’étendre, même si cela se fait d’une manière moins rapide qu’on pouvait le penser. Comme d’autres innovations, la vente et l’achat de substances psychoactives sur Internet suivent probablement une phase d’adoption dans un groupe restreint d’individus avant de, peut-être, devenir un phénomène plus large.
Internet est constitué de trois composants de base : un réseau de transmissions (câbles ou ondes), un système de reconnaissances des dispositifs interconnectés (le protocole IP) et des protocoles de transport de données. Ensemble, ils permettent l’usage d’applications (web, e-mail, messaging) de communication et de partage d’information.
Il est possible de trouver et d’acheter des drogues sur de nombreuses applications incluant les sites web, qu’ils soient dissimulés ou non, mais aussi les réseaux sociaux et les applications de messagerie. On peut y rencontrer différentes stratégies de promotion, différents espaces de vente mais aussi d’évaluation des stupéfiants proposés. D’autres produits comme des médicaments, des produits dopants et des nouvelles substances psychoactives (NPS) sont aussi mis en vente.
Les connaissances concernant la vente de stupéfiants sur les différentes applications présentes sur Internet sont encore balbutiantes, à l’exception des cryptomarchés qui sont souvent spécialisés dans ce domaine. Il s’agit de plateformes de vente qui permettent un certain anonymat. Le recours à des infrastructures spécifiques (appelés darknets), à des espaces du web qui ne sont pas ou peu régulés (les darkwebs), à des communications cryptées et à des cryptomonnaies comme le Bitcoin® permettent cet anonymat. Les darkwebs, et les cryptomarchés qu’ils hébergent, restent cependant minuscules par rapport à l’ensemble des espaces du Web.
La vente de stupéfiants sur les cryptomarchés a été révélée par le site Silk Road. Depuis, de nombreux sites similaires sont apparus mais avec des durées de vie souvent assez courtes, en raison de fraudes internes ou de l’intervention des forces de l’ordre. Les sites reposent sur la gestion par des administrateurs et sur des annonces qui décrivent le produit, son prix et les conditions de son acquisition. Ils s’appuient aussi sur l’évaluation des produits et des vendeurs par les acheteurs. Ils sont ainsi, dans leur forme, similaires à de nombreux sites connus comme ebay®.
Pour comprendre la place que joue la Suisse dans ce marché, des téléchargements des données de l’un des principaux cryptomarchés de stupéfiants (AlphaBay, actif de fin 2014 à juillet 2017) ont été réalisés. Ils montrent que les pays de provenance les plus cités sont les pays anglo-saxons (États-Unis, Canada, Australie, Royaume-Uni) les Pays-Bas et l’Allemagne. La Suisse occupe une place moins importante mais, si l’on considère sa taille, son rôle n’est pas négligeable au niveau de la vente. Ainsi, 57 comptes vendeurs déclarant se situer en Suisse ont réalisé un peu plus de dix mille transactions pour un chiffre d’affaires d’environ 1,3 million de francs sur AlphaBay. La vente de stimulants concerne 85% de ces transactions avec surtout de petites quantités et des prix proches de ceux du marché physique. Ces ventes ne représentent en fait qu’une très petite partie du marché des stupéfiants en Suisse mais quelques vendeurs réalisent des chiffres d’affaires conséquents allant jusqu’à près de 30'000 dollars par mois.
Il existe peu de données sur les personnes en Suisse qui commandent des drogues sur Internet. Une analyse des données du Global Drug Survey, suggère que l’achat sur le web et sur les darkwebs reste limité, mais avec une tendance à l’augmentation. Des données plus anciennes montrent que le cannabis et les stimulants sont les produits les plus commandés par les acheteurs suisses. Ceux-ci commandent chez des vendeurs en Suisse mais aussi à l’étranger, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Belgique. Les commandes à l’étranger sont généralement associées à des quantités plus importantes mais restent relativement modestes. En moyenne, hormis pour le cannabis, les achats dépassent rarement 5 à 10 grammes en moyenne.
Un petit sondage auprès des polices cantonales a montré que les enquêtes concernant les achats de stupéfiants sur Internet restent jusqu’ici assez rares. Elles résultent souvent d’une information transmise par un informateur ou de la découverte d’un ordinateur allumé lors d’une perquisition. Le cas le plus fréquent concerne les colis interceptés par les douanes avec de petites quantités commandées sur Internet, le plus souvent du cannabis, des stimulants ou des hallucinogènes.
On retiendra de cette exploration des données sur les marchés des drogues sur Internet, que ceux-ci se trouvent dans différents espaces du web, notamment les darkwebs, mais qu’ils ne semblent jusqu’ici constituer qu’une très petite partie du marché des stupéfiants, en tout cas en Suisse. Il y a toutefois quelques indications que le phénomène tend à s’étendre, même si cela se fait d’une manière moins rapide qu’on pouvait le penser. Comme d’autres innovations, la vente et l’achat de substances psychoactives sur Internet suivent probablement une phase d’adoption dans un groupe restreint d’individus avant de, peut-être, devenir un phénomène plus large.
Création de la notice
27/11/2018 13:41
Dernière modification de la notice
21/08/2019 6:09