Le projet de protection de la nature au défi de la ville. Perspectives et implications des solutions proposées par le WWF, l'UICN et le Programme MAB de l'Unesco
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ID Serval
serval:BIB_76429B4FA7D5
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
Le projet de protection de la nature au défi de la ville. Perspectives et implications des solutions proposées par le WWF, l'UICN et le Programme MAB de l'Unesco
Directeur⸱rice⸱s
Ruegg Jean
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des géosciences et de l'environnement
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2020
Langue
français
Résumé
Ces dernières décennies, sous le double effet de l’urbanisation mondiale et de l’émergence de problématiques environnementales propres aux villes, des organisations internationales dédiées à la protection de la nature se sont mises à élaborer des programmes spécifiquement dédiés aux villes. Quelles ont été les effets de cette intégration de la ville sur les représentations de la nature à défendre qui sont véhiculées par ces organisations, et qui au-delà des seuls programmes et discours qu’elles produisent, imprègnent plus largement les conceptions de nature qui irriguent le projet international de protection ? L’ambition de cette thèse consiste à apporter des éléments de réponse à cette question. Son originalité tient dans le fait qu’elle n’aborde pas les enjeux environnementaux associés aux villes par l’analyse d’acteurs urbains traditionnels, mais par celle de trois organisations internationales dont la mission initiale se situait très loin de la ville : l’UICN, le WWF et le programme MAB de l’UNESCO.
Ce manuscrit est divisé en quatre parties. Dans la première nous proposons une problématisation de la relation entre la ville et la nature dans la perspective de sa protection. En rendant compte de la diversité des acceptations de ces notions et des approches scientifiques qui ont été développées pour traiter la relation ville-nature, nous montrons à quel point leur « réconciliation » est cruciale mais aussi compliquée. En nous appuyant ensuite sur les approches constructivistes de l’idée de nature, nous montrons que le sens de la nature à protéger est un enjeu de lutte, parfois indépendante de ses matérialités et dans laquelle les discours tiennent une place centrale. Cette partie se conclut par notre cadrage méthodologique pour analyser les discours et les représentations des trois organisations. Les deuxième et troisième parties sont consacrées à ces organisations. Dans la deuxième partie nous retraçons leur histoire, depuis leur création au milieu du vingtième siècle jusqu’à la période contemporaine. Nous rappelons les conditions matérielles de leur apparition, les débats d’idées qui les ont traversées, mais aussi l’évolution de leur organisation interne et de leur fonctionnement. Nous replaçons cette évolution dans l’histoire, plus englobante, de l’institutionnalisation du projet international de protection de la nature que ces organisations ont contribué à façonner tout en étant orientées par celui-ci. Nous concluons cette partie en décortiquant le positionnement politique contemporain des organisations par l’analyse de leurs stratégies d’actions générales. Dans la troisième partie nous nous concentrons plus spécifiquement sur les stratégies urbaines des organisations, et sur les représentations de la ville et de la nature qui y sont véhiculées. Nous montrons que, malgré leurs différences de taille, d’ancienneté, et d’échelles d’action, ces trois organisations sont pourtant confrontées aux mêmes difficultés pour saisir la ville. L’analyse montre que malgré une prolifération de rapports, de rencontres et d’initiatives, la ville reste un objet peu spécifié et souvent discuté de façon très abstraite. Dans la quatrième et dernière partie consacrée à la discussion des résultats obtenus, nous nous demandons si ce constat est le signe d’une tendance plus générale à dépolitiser les questions environnementales liées aux villes, en les déconnectant des enjeux matériels. Nous suggérons qu’un discours, au sens d’un régime de vérité, serait en train de se former sur la ville, construit sur des représentations génériques et imprécises, et qui limiterait les possibilités d’émergence de discours alternatifs.
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The fast pace of world urbanization and the increasing concerns about environmental issues associated with cities have led environmental organizations to develop urban programmes over the last decades. For conservation actors such an evolution may seem paradoxical because cities have long represented the antithesis of the natural environment these organisations are commited to fight for. What are the concrete effects of this shift on the representations of nature that are defended and conveyed by these organizations through their action programmes and discourse? This work is an attempt to provide answers to this question. To do so we have investigated three international conservation organizations: the International Union for Conservation of Nature (IUCN), The World Wide Fund for Nature (WWF) and the UNESCO's Man and Biosphere Programme (MAB).
This thesis manuscript is divided into four parts. First we focus on the relation between the concepts of nature and city, from the nature protection perspective. By documenting the diversity of understandings of these two notions and the variety of works that have studied their relation, we show how crucial and complicated it is to ‘reconcile’ them. By following a constructivist approach, we show that the definition of nature to be protected is contested among different trends of thought about nature protection, and that discourse play a central role in the struggle. We conclude this part by introducing the methodological framework we use in the following parts to analyze discourses and representations of the three organisations under study. In the second and third parts we focus on these organizations. In the second part we remind their history, from their creation in the middle of the twentieth century to the contemporary period. We recall the material conditions of their appearance, the internal and public debates in which they took part, and the evolution of their internal organization and functioning. We contextualize this evolution in the broader history of the institutionalization of the international conservation movement, that these organizations have contributed to shape while in the same time they were structured by it. We conclude this section by analysing their contemporary political positions through the analysis of their global strategies. In the third part we focus more specifically on their urban strategies and on the representations of the city and nature that are visible in the texts and programmes they design and fund. We show that, despite differences in size, age and scale of action, these organizations face common difficulties in « grasping» the city in all its dimensions. Our analysis show that despite a proliferation of reports, meetings and initiatives, cities seem to remain vague objects that are often discussed in a generic, dissocialized way. In the fourth and last part we discuss the results obtained and the perspectives opened by this work. In particular, we wonder whether our observations suggest the emergence of a more general trend that would consist in de-politicizing environmental issues related to cities, by disconnecting them from material issues. We suggest that a discourse about the city – in the Foucaldian discourse analysis sense
– might be emerging among the international environnemental movement, built on generic representations and which would limit the possibilities of the emergence of alternative discourses.
Ce manuscrit est divisé en quatre parties. Dans la première nous proposons une problématisation de la relation entre la ville et la nature dans la perspective de sa protection. En rendant compte de la diversité des acceptations de ces notions et des approches scientifiques qui ont été développées pour traiter la relation ville-nature, nous montrons à quel point leur « réconciliation » est cruciale mais aussi compliquée. En nous appuyant ensuite sur les approches constructivistes de l’idée de nature, nous montrons que le sens de la nature à protéger est un enjeu de lutte, parfois indépendante de ses matérialités et dans laquelle les discours tiennent une place centrale. Cette partie se conclut par notre cadrage méthodologique pour analyser les discours et les représentations des trois organisations. Les deuxième et troisième parties sont consacrées à ces organisations. Dans la deuxième partie nous retraçons leur histoire, depuis leur création au milieu du vingtième siècle jusqu’à la période contemporaine. Nous rappelons les conditions matérielles de leur apparition, les débats d’idées qui les ont traversées, mais aussi l’évolution de leur organisation interne et de leur fonctionnement. Nous replaçons cette évolution dans l’histoire, plus englobante, de l’institutionnalisation du projet international de protection de la nature que ces organisations ont contribué à façonner tout en étant orientées par celui-ci. Nous concluons cette partie en décortiquant le positionnement politique contemporain des organisations par l’analyse de leurs stratégies d’actions générales. Dans la troisième partie nous nous concentrons plus spécifiquement sur les stratégies urbaines des organisations, et sur les représentations de la ville et de la nature qui y sont véhiculées. Nous montrons que, malgré leurs différences de taille, d’ancienneté, et d’échelles d’action, ces trois organisations sont pourtant confrontées aux mêmes difficultés pour saisir la ville. L’analyse montre que malgré une prolifération de rapports, de rencontres et d’initiatives, la ville reste un objet peu spécifié et souvent discuté de façon très abstraite. Dans la quatrième et dernière partie consacrée à la discussion des résultats obtenus, nous nous demandons si ce constat est le signe d’une tendance plus générale à dépolitiser les questions environnementales liées aux villes, en les déconnectant des enjeux matériels. Nous suggérons qu’un discours, au sens d’un régime de vérité, serait en train de se former sur la ville, construit sur des représentations génériques et imprécises, et qui limiterait les possibilités d’émergence de discours alternatifs.
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The fast pace of world urbanization and the increasing concerns about environmental issues associated with cities have led environmental organizations to develop urban programmes over the last decades. For conservation actors such an evolution may seem paradoxical because cities have long represented the antithesis of the natural environment these organisations are commited to fight for. What are the concrete effects of this shift on the representations of nature that are defended and conveyed by these organizations through their action programmes and discourse? This work is an attempt to provide answers to this question. To do so we have investigated three international conservation organizations: the International Union for Conservation of Nature (IUCN), The World Wide Fund for Nature (WWF) and the UNESCO's Man and Biosphere Programme (MAB).
This thesis manuscript is divided into four parts. First we focus on the relation between the concepts of nature and city, from the nature protection perspective. By documenting the diversity of understandings of these two notions and the variety of works that have studied their relation, we show how crucial and complicated it is to ‘reconcile’ them. By following a constructivist approach, we show that the definition of nature to be protected is contested among different trends of thought about nature protection, and that discourse play a central role in the struggle. We conclude this part by introducing the methodological framework we use in the following parts to analyze discourses and representations of the three organisations under study. In the second and third parts we focus on these organizations. In the second part we remind their history, from their creation in the middle of the twentieth century to the contemporary period. We recall the material conditions of their appearance, the internal and public debates in which they took part, and the evolution of their internal organization and functioning. We contextualize this evolution in the broader history of the institutionalization of the international conservation movement, that these organizations have contributed to shape while in the same time they were structured by it. We conclude this section by analysing their contemporary political positions through the analysis of their global strategies. In the third part we focus more specifically on their urban strategies and on the representations of the city and nature that are visible in the texts and programmes they design and fund. We show that, despite differences in size, age and scale of action, these organizations face common difficulties in « grasping» the city in all its dimensions. Our analysis show that despite a proliferation of reports, meetings and initiatives, cities seem to remain vague objects that are often discussed in a generic, dissocialized way. In the fourth and last part we discuss the results obtained and the perspectives opened by this work. In particular, we wonder whether our observations suggest the emergence of a more general trend that would consist in de-politicizing environmental issues related to cities, by disconnecting them from material issues. We suggest that a discourse about the city – in the Foucaldian discourse analysis sense
– might be emerging among the international environnemental movement, built on generic representations and which would limit the possibilities of the emergence of alternative discourses.
Création de la notice
12/05/2020 9:16
Dernière modification de la notice
21/11/2022 8:12