Depuis une troisième révision statistique intervenue en 1985, la série officielle pour M, en Suisse ne comprend plus les comptes-salaires - ces comptes qui sont très liquides, qui néanmoins rapportent des intérêts et qui à fin 1984 se montaient à quelque 18 milliards de francs (M, -=- 66 milliards). Les arguments pour et contre cette exclusion sont examinés et, en se fondant sur diverses estimations économétriques de la demande de monnaie, on aboutit à la conclusion que les comptes-salaires remplissent une fonction de moyen de paiement à raison des deux tiers environ et une fonction d'épargne à concurrence d'à peu près un tiers. Pour obtenir une série M, qui ait un sens économique, il conviendrait donc d'ajouter les deux tiers des comptes-salaires à la série officielle. Actuellement cela n'est hélas plus possible: l'information statistique brute sur les comptes-salaires n'est plus recueillie depuis la fin de 1984. C'est d'autant plus regrettable que, de l'aveu même de la BNS, l'introduction du système SIC (Swiss Inter-Bank Clearing) risque d'enlever beaucoup de sa pertinence à la «monnaie de banque centrale» en tant qu'objectif de la politique monétaire helvétique, ce qui nécessitera qu'on surveille davantage l'évolution des autres agrégats monétaires et, en premier lieu, de M,.