Introduction : Les maladies cardiovasculaires sont la cause majeure de morbidité et de mortalité dans les pays industrialisés. Pour freiner ce phénomène, des mesures préventives précoces doivent être encouragées et ce, dès l’enfance. L’hypertension artérielle étant un facteur de risque majeur pour le développement des maladies cardiovasculaires à l’âge adulte, il est essentiel de détecter une pression artérielle (PA) trop élevée chez les enfants et les adolescents.
Objectifs : 1) établir la fréquence d’une mesure élevée de la PA dans une consultation de cardiologie pédiatrique ; 2) pour les patients ayant une mesure de PA élevée, établir la fréquence d’association avec une cardiopathie pré-existante, déterminer si le diagnostic de PA élevée a été relevé par le cardiopédiatre consulté et si une démarche appropriée a été entreprise ; 3) observer la méthode de mesure de la PA dans la consultation de cardiologie pédiatrique du CHUV en comparaison des recommandations internationales.
Méthode: Toutes les mesures de PA enregistrées dans la base de données échocardiographiques X-Celera (2005 à 2014) ont été extraites, avec les données démographiques et anthropométriques. Une base de données a été constituée et les valeurs de PA ont été exprimées en percentiles (références du National High Blood Pressure Education Program Working Group on High Blood Pressure in Children and Adolescents). La PA mesurée, aussi bien systolique que diastolique a pu ainsi être classifiée en normale ou élevée (PA<95ème percentile, PA!95 percentile respectivement). L’analyse détaillée des rapports de consultation d’un échantillon de 10% des patients avec PA élevée nous a servi à établir la proportion de patients présentant une cardiopathie et la proportion de patients pour lesquels un diagnostic correct et une démarche thérapeutique appropriée avaient été proposés.
Résultats : Sur 10'779 consultations (56% de garçons, âge moyen de 8.8 ans), une PA élevée a été retrouvée lors de 2146 d’entre elles (19,9%). Dans notre échantillon de patients avec PA élevée (222 visites, 163 (73%) avec une cardiopathie, 59 (27%) sans cardiopathie), une PA élevée a été reconnue par le cardiopédiatre dans 15.3%, 9.8% et 30% des cas pour la totalité de l’échantillon, les patients cardiopathes et les patients non-cardiopathes respectivement. Les patients cardiopathes avaient donc trois fois moins de chance que leur PA élevée soit reconnue. Lorsqu’une PA élevée était reconnue, la proportion de prise en charge était de 82.4%, 81.3% et 83.3% pour la totalité de l’échantillon, les patients cardiopathes et les patients non-cardiopathes respectivement.
Conclusion : Le taux de la PA élevée dans le service de cardiologie pédiatrique du CHUV s’apparente à celle décrite dans la littérature mais l’identification d’individus présentant une valeur de PA élevée est relativement basse, notamment chez des patients cardiopathes. Il est essentiel de développer des stratégies afin d’augmenter l’identification de ces patients et qu’une prise en charge appropriée soit initiée.