Lors de ma promotion de chef de clinique adjoint dans l'unité urgences et crise, dans laquelle je travaille à présent depuis 5 ans, il m'a été donné l'opportunité de m'intéresser au devenir des patient-es suicidant-es rencontré-es régulièrement aux urgences somatiques. Sensibilisé au fait que le suicide est une des causes principales de décès prématurés dans le monde et constitue en ce sens l'une des grandes priorités de la santé publique, il m'est apparu qu'un grand nombre de suicidant-es échappaient pourtant aux prises en charge ambulatoires que nous tentions de mettre en place. Une recherche de littérature sur ce sujet a répertorié de nombreux types d'interventions auprès des suicidant-es, avec cependant des résultats mitigés. La bonne implantation de l'unité urgences et crise aux urgences somatiques du CHUV et un financement du Service de la Santé publique ont permis, sur la base de la recherche de littérature, de modéliser une intervention et d'en étudier l'acceptabilité et la faisabilité au travers de cette étude pilote.
Cette intervention est principalement conduite par un-e infirmier-e case-manager qui effectue l'évaluation du suicidant-e aux urgences somatiques, remplit un plan de crise conjoint, organise dans les plus brefs délais une rencontre avec les proches du suicidant-e et avec les éventuels membres du réseau de soin en place et effectue des téléphones réguliers durant les trois mois suivant la tentative de suicide.
Sur les 107 suicidant-es rencontré-es durant la période de l'étude (du 10 janvier 2014 au 30 juin 2014), 51 n'ont pas pu être inclus-es pour des raisons logisitiques, 22 ont été exclu-es et l'intervention a été proposée à 34 suicidant-es. 15 de ces dernier-es ont refusé l'intervention, si bien que l'intervention a été conduite auprès de 19 suicidant-es. Les primo-suicidant-es ont refusé plus systématiquement l'intervention que les autres suicidant-es. La faisabilité et l'acceptabilité des téléphones et du case-manager furent jugées bonnes au travers de questionnaires de satisfaction et des retours de différent-es case-managers. Le plan de crise conjoint et les rencontres avec les proches et les membres du réseau de soin furent plus difficiles à réaliser et furent perçus comme moins acceptables. Ils devraient faire l'objet de modifications pour améliorer leur acceptabilité et leur faisabilité, notamment auprès des primo- suicidant-es.