Dans le prolongement des recherches en sociologie du sport ayant étudié l’arrivée des femmes dans des milieux sportifs historiquement construits comme masculins, ce travail de thèse interroge l’influence des expériences des coureuses cyclistes sur leur engagement à haut niveau dans un milieu qui les marginalise. Il s’appuie sur une enquête de terrain qui s’est déroulée de février 2017 à septembre 2019, regroupant 23 entretiens semi-directifs avec des coureuses françaises ayant le statut de « sportive de haut niveau » et des membres de fédération ainsi que des observations lors d’évènements sportifs. En mobilisant les théories de la reconnaissance conceptualisées par Axel Honneth, Nancy Fraser, et Estelle Ferrarese, mêlées à d’autres cadres théoriques relevant de la sociologie du travail et des professions, les analyses montrent que la performance sportive des coureuses n'est pas reconnue au même titre que celle des hommes. Cette différence de considération s’institue dans l’organisation de la pratique. Elle a des conséquences matérielles (précarité, travail gratuit, exploitation, contrats illégaux) et symboliques (reconnaissance, statut social) auprès des coureuses. Malgré ces conditions, les résultats identifient une diversité des expériences vécues par ces cyclistes. Leurs expériences sont influencées par des facteurs sociaux (situations sociale et économique, durée de la carrière, etc.) et par la reconnaissance reçue. Cette thèse démontre que les expériences, dépendamment de si elles sont vécues positivement ou négativement par les coureuses, vont façonner ou déconstruire leur enchantement envers le cyclisme. Plus précisément, cet enchantement, qui est une condition nécessaire à leur engagement dans ce parcours à haut niveau, est particulièrement sensible aux expériences liées à la reconnaissance.
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Studies conducted in the sociology of sport have studied the arrival of women in sports environments that have been historically constructed as masculine. Following this research work, this dissertation examines the influence of the experiences of female racing cyclists in an environment that isolates them in their commitment at the highest level. We collected data using a field survey that took place from February 2017 to September 2019, including 23 semi- structured interviews with French female riders with the status of "high-level sportswoman" and members of federations, as well as observations during sports events. By combining the theories of recognition conceptualized by Axel Honneth, Nancy Fraser and Estelle Ferrarese, with other frameworks from the sociology of work and professions, our analyses show that the sporting performance of women riders is not recognized in the same way as the men’s performance. The difference in consideration is instituted in the organization of the practice. This lack of consideration leads to material consequences (precariousness, free labor, exploitation, illegal contracts) and symbolic consequences (recognition, social status) for women riders. Despite these conditions, our results identify a diversity of experiences in women cyclists. Their experiences are influenced by social factors (social and economic status, length of career) and by the recognition received. This thesis shows that the experiences lived by female riders, whether they are positive or negative, shape or deconstruct their enchantment with cycling. More specifically, this enchantment, which is necessary to engage in this high- performance sport, is particularly sensitive to experiences related to recognition.