La vie théâtrale et lyrique à Lausanne et dans ses environs dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (1757-1798)

Détails

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ID Serval
serval:BIB_54E9538747AC
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
La vie théâtrale et lyrique à Lausanne et dans ses environs dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (1757-1798)
Auteur⸱e⸱s
Lovis Béatrice
Directeur⸱rice⸱s
Rosset François
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2019
Langue
français
Résumé
Les spectacles qui se sont tenus à Lausanne en 1757 et 1758 sur la scène privée de Mon-Repos en présence de Voltaire marquent certes un jalon important dans l'histoire culturelle du chef-lieu, mais réduire l'histoire du théâtre vaudois à cet épisode exceptionnel, comme l'a fait l'historiographie, c'est en donner une vision très partielle et passer sous silence l'implication de nombreux Vaudois qui se sont pleinement appropriés ce divertissement, en particulier pendant la seconde moitié du siècle. Juste Olivier, avec son article fondateur «Voltaire à Lausanne» (1842), a biaisé sans le vouloir l'historiographie pendant plus de 160 ans. Celle-ci s'est contentée de reproduire avec plus ou moins d'exactitude les propos de l'historien et de les généraliser à l'entier du siècle et du territoire vaudois. Les pièces de théâtre imprimées étant très sporadiques et considérées de qualité relativement médiocre, la littérature dramatique vaudoise a souffert d'un discrédit tenace aux XIXe et XXe siècles. Dans le sillage de Juste Olivier et de ses émules, les ouvrages généraux portant sur la littérature romande et sur l'histoire vaudoise ressasseront jusqu'à aujourd'hui le constat d'absence d'une littérature dramatique et donc d'une vie théâtrale digne d'intérêt, jugée trop tributaire de la France voisine et dont Voltaire serait l'unique incarnation. Ce travail souhaite précisément casser les préjugés hérités du XIXe et démontrer l'intérêt de se pencher sur un tel sujet.
L'approche choisie est interdisciplinaire, évitant ainsi certains clivages académiques. Le théâtre lausannois, et plus largement vaudois, est considéré comme un phénomène à la fois littéraire et socio-culturel. Située à la croisée de l'histoire sociale, littéraire, économique, politique et religieuse, ce travail aborde aussi l'histoire de la musique, de l'architecture et des idées. Il s'intéresse tant aux acteurs qu'aux spectateurs, au répertoire joué, écrit et lu, aux pratiques scéniques, aux lieux de spectacle privés et publics, à l'implication des autorités politiques et religieuses, aux rapports de pouvoir complexes que cristallise le théâtre, à ses multiples codes sociaux à respecter, aux débats moraux et philosophiques qui ont nourri les discussions pendant tout le siècle, enfin aux différentes manières de s'approprier un divertissement si peu anodin en terres protestantes helvétiques, en un mot si « étranger ». L'analyse de ces éléments intrinsèques au théâtre permettent non seulement de mieux comprendre le fonctionnement d'une société en un lieu et en un temps donné, mais aussi de mieux saisir le phénomène d'acculturation qu'incarne ce divertissement.
Tenter d'approcher dans sa globalité le théâtre lausannois, tant amateur que professionnel, est certes utopique à plusieurs égards, entre autres parce que l'analyse est limitée par les sources parvenues jusqu'à nous. Le chercheur doit d'autant plus se garder d'émettre des conclusions hâtives lorsqu'il ne se fonde que sur des documents produits par les élites politiques et sociales. Grâce aux recherches effectuées en archives, il a été toutefois possible d'analyser de manière cohérente les principaux enjeux soulevés et de renouveler les connaissances sur le sujet. L'exploitation d'un tel corpus, constitué aussi bien d'archives officielles que privées (correspondances, journaux personnels, livres de comptes, pièces restées à l'état manuscrit, etc.), met en valeur l'apport essentiel de ce type de sources pour toute étude qui s'intéresse à l'histoire des pratiques théâtrales.
Quoique pratiqué de manière irrégulière, il est possible d'affirmer que le théâtre a tenu une place non négligeable parmi "l'offre culturelle" de Lausanne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; il a même clairement contribué à augmenter la réputation et l'attractivité du chef-lieu. Il est indéniable que la présence de Voltaire a exercé une réelle influence sur la vie théâtrale lémanique. A la différence de Genève, les autorités vaudoises - et bernoises dont elles dépendent jusqu'en 1798 - n'interdisent pas ce divertissement. Laissant le théâtre de société s'épanouir dans les salons privés, Lausanne mène une politique relativement favorable à l'égard des troupes professionnelles de province. Celles-ci proposent un répertoire composé essentiellement de comédies et d'opéras-comiques qui ont été créés sur les scènes parisiennes. Cette étude révèle aussi le rôle prépondérant des femmes dans la vie culturelle et littéraire. Avec le soutien actif de la noblesse étrangère fortunée, les Vaudoises sont très souvent à l'origine de l'initiative, choisissent les pièces, distribuent les rôles, organisent les répétitions, accueillent les spectacles dans leurs salons. D'autre part, elles sont très impliquées dans la rédaction de pièces de société jouées devant un parterre d'amis. Malgré un engouement certain pour le théâtre, les réticences à l'égard de ce divertissement qui a si bien incarné la culture française se renforcent au tournant du siècle, au moment où Suisses et Vaudois tentent de se forger une identité qui leur est propre. Ces réticences finiront par occulter une partie du passé culturel vaudois et faire tomber dans l'oubli ce petit âge d'or du théâtre lausannois.

Création de la notice
29/03/2019 13:35
Dernière modification de la notice
27/10/2020 11:53
Données d'usage