Contexte
Le mélanome de l'uvée est une maladie très rare mais constitue la tumeur maligne intraoculaire la plus fréquente chez l'adulte. La survie à 5 ans s'élève à 800/0. Néanmoins, entre 10 et 300/0 des patients vont développer des métastases dans les 5 ans, 45 0/0 dans les 15 ans, suivants le diagnostic. Le foie est atteint dans la grande majorité des cas (70-9096), cette tumeur présentant un tropisme particulier pour cet organe. La survie à long terme est fortement corrélée au contrôle de la maladie métastatique hépatique et n'est seulement que de 5 à 7 mois sans traitement. Malheureusement, cette tumeur se montre résistante aux thérapies systémiques et aucune standardisation n'existe concernant les traitements hépatiques locorégionaux.
La thérapie par irradiation interne sélective, SIRT en anglais pour « Selective Internal Radiation Therapy », consiste en l'administration de microparticules contenant de l' Yttrium-90 dans le foie via un micro-cathéter positionné dans l'artère hépatique. Cette technique novatrice a déjà été testée chez les patients avec mélanome de l'uvée métastatique avec des résultats encourageants en thérapie dite de sauvetage lors de l'échec des autres méthodes de traitement.
Le but de cette étude était de déterminer la sécurité et l'efficacité de la SIRT en première ligne de traitement chez les patients avec des métastases hépatiques du mélanome de l'uvée.
Méthode
Il s'agit d'une étude rétrospective basée sur les données collectées prospectivement de 22 patients traités par SIRT en première ligne. Les toxicités biologiques et cliniques ont été enregistrées. La réponse tumorale a été évaluée avec des critères reconnus, notamment à l'aide des critères EASL pour « European Association for the Study of Liver Disease ». Les facteurs prédictifs de survie ont été déterminés par analyses uni- et multivariées et la survie globale par analyse de Kaplan-Meier à l'aide du test de log-rank.
Résultats
Des signes de toxicité biologique ou clinique de grades 3 à 4 sont apparus chez 2496 des patients dans les deux cas. Selon les critères EASL, le contrôle de la maladie à 6 mois était atteint après 15 (5296) des 29 SIRT réalisées sur les 22 patients et s'est montré prédictif de survie. La survie générale médiane depuis la première SIRT était de 18 mois [intervalle de confiance à 95 0/0 (IC95%), 8-28]. Au moment de l'analyse, 5 patients (23 0/0) étaient encore en vie. Par analyse multivariée, la taille de la plus grande métastase hépatique [hazard ratio (HR) 1.22; IC95%, 0.98-1.53], le volume tumoral hépatique [HR 1.002; IC95%,
1.0004-1.003] ainsi que les thérapies ultérieures systémiques [HR 0.04; IC95%, 0.006-0.24] ou locorégionales [HR 0.204; IC95%, 0.04-0.94] se sont montrés prédictifs de survie.
Conclusion
La SIRT en première ligne de traitement chez les patients atteints de métastases hépatiques du mélanome de l'uvée est sûre et démontre des résultats encourageants. Les thérapies administrées ultérieurement, systémiques et locorégionales, sont corrélées à une augmentation de la survie suggérant un bénéfice accru par une approche combinée. Des études prospectives testant la SIRT en première ligne de traitement sont nécessaires afin de confirmer ces résultats.