Introduction. Les professionnels de santé font partie des populations à risque pour le burnout. Ceux qui ac- compagnent quotidiennement des personnes en fin de vie le sont tout autant, ne serait-ce que par la confron- tation perpétuelle à la mort et aux questionnements qu’elle impose. Si les facteurs liés au stress au travail ou à l’épuisement professionnel ont été largement étudiés, peu de choses sont connues sur les aspects psycholo- giques positifs pouvant attirer et retenir les professionnels dans ce milieu. Ceci est pourtant une question es- sentielle au vu du contexte démographique actuel. En effet, le vieillissement de la population occasionnera une augmentation du besoin des prises en charge palliatives. Il semble donc important de connaître les di- mensions psychologiques dites « positives » qui prédisent une bonne santé mentale ou le bien-être sur le lieu de travail et en garantissent le maintien.
Objectifs. Nous avons réalisé une « scoping review » pour recenser les différentes dimensions psychologi- ques positives déjà étudiées jusqu’ici chez les professionnels de la fin de vie (soins palliatifs et oncologie), en nous basant sur les « instruments » ou les questionnaires permettant d’investiguer ces éléments. Nous résu- mons les caractéristiques de ces outils pour reconnaître, en fonction des exigences des recherches futures, ceux dont l’utilisation serait la plus appropriée. Cette revue permet enfin d’identifier des aspects de méthodo- logie importants à considérer lors d’études ultérieures sur le sujet.
Méthode. Des équations pour une recherche systématique de la littérature ont été formulées et appliquées dans les bases de données PubMed, Embase, CINHAL, PsycINFO, et Cochrane Library. Les articles et par la suite les outils ont été sélectionnés selon des critères d’inclusion et d’exclusion préalablement définis. L’extraction des données s’est faite à l'aide de tableaux. Les résultats figurent principalement sous la forme de deux tableaux résumant les informations à propos des outils retenus, qui ont été remplis grâce à une se- conde recherche de littérature non systématique, basée sur les références des articles inclus.
Résultats. 135 articles sur les 3’556 obtenus répondaient aux critères d’inclusion. Plus de 167 outils différ- ents en ont été extraits, dont 36 correspondaient aux critères d’inclusion et d’exclusion. Leurs caractéristi- ques sont résumées sous formes de deux tableaux. Les dimensions principales mesurées par ces outils sont la satisfaction au travail (19 échelles), certains aspects du bien-être au travail (4 outils), la qualité de vie profes- sionnelle (4 instruments), la motivation ou l’engagement (2 outils chacun). Le burnout, les capacités de co- ping, de résilience, de self-care ou de positivité sont l’objet d'un questionnaire chacun. La plupart possède des propriétés de validité satisfaisantes. Quatre d’entre eux ont été conceptualisés en français, et 6 ont une version traduite en français ayant été validée. Les deux questionnaires les plus utilisés parmi les articles rete- nus sont ceux évaluant aussi des aspects « pathologiques » (fatigue due à la compassion et épuisement pro- fessionnel).
Conclusion. Les dimensions psychologiques positives étudiées chez les professionnels de la fin de vie sont variées, comme l’illustrent les sujets de mesure des 167 instruments recensés. Cependant, celles qui font l’objet d’outils ayant été élaborés ou validés dans un contexte professionnel sont moins nombreuses. Ces dimensions sont souvent explorées en lien avec l’étude des aspects du versant négatif qui reste prépondérante dans la littérature. Ceci pose certaines difficultés pour extraire des données univoques et identifier des liens de causalité, tout en faisant entrevoir une nouvelle approche – qui serait plus « intégrative » – de la santé mentale dans la recherche en psychologie. Cette revue établit quelques bases auxquelles pourront se référer d’éventuelles revues systématiques futures.