Objectif de l'étude: L'étude analyse l'objet « rapport à la chimiothérapie orale » par le biais du discours des médecins et des patients âgés dans une perspective socio-anthropologique. Matériel et méthode: Nous avons croisé des entretiens semi-dirigés d'oncologues (10), de médecins généralistes dénommés ci-après médecins de premier recours (MPR) (10) et d'usagers de 70 ans et plus (20) sur la chimiothérapie orale. Les entretiens des usagers ont été complétés par des observations (20) à domicile. Résultats: Les oncologues considèrent ce traitement comme dangereux, posant la question de la compliance. Ils estiment cependant que cette modalité est plus simple pour les usagers et ne mesurent pas les impacts du traitement sur leur vie quotidienne. Les MPR connaissent mal ces produits. Comme les oncologues, ils les jugent plus simples d'usage sans évaluer leurs effets sur le quotidien des usagers. Ils estiment être écartés de la relation thérapeutique au profit des spécialistes. Cette modalité de traitement est également considérée comme plus simple par les malades. Ils gèrent concrètement une médication qui envahit leur espace domestique. La chimiothérapie orale introduit une hiérarchisation de toute la médication. La prise de médicaments usuels peut être différée, voire suspendue. L'âge des usagers est une variable qui se joue en toile de fond du traitement, entre argumentations médicales et représentations sociales. Conclusion: Le croisement des points de vue permet de comprendre comment un traitement tel que la chimiothérapie orale révèle les univers normatifs et symboliques de chacun sur le médicament, le cancer et l'âge.