Dans les Homélies pseudo-clémentines, la règle des syzygies structure le monde selon une logique binaire, opposant ignorance et connaissance, vérité et mensonge, et quantité d’autres couples. À partir d’une analyse d’Homélies II, cet article propose d’exposer comment la règle des syzygies est développée à travers l’ensemble de l’oeuvre, jusqu’en Homélies XX, et participe activement aux enjeux narratifs et doctrinaux. Grâce à une remise en contexte de la notion de συζυγία et de couples de contraires dans la pensée grecque, une tension entre les Homélies et leur héritage intellectuel est mise au jour, avec pour enjeu la conception de discours sur la structure du réel. Laissant de côté la possibilité d’une origine valentinienne pour la règle des syzygies, elle pourrait tout de même alimenter une polémique contre les interprétations gnostiques de Gn 1-3, à travers son traitement d’Ève comme représentante de la fausse prophétie.
In the pseudo-clementine Homilies, the rule of syzygies sets in place a binary structure for the world, opposing ignorance to knowledge, truth to falsehood, and many others pairs. Based on an analysis of Homilies II, this article intends to shed light on how the rule of syzygies is developed throughout the novel, up to Homilies XX, and how it plays an active part in narrative and doctrinal issues. As shown by the study of συζυγία and opposite pairs in Greek thought, the tension between the Homilies and their intellectual heritage stands out clearly, on the matter of conceiving discourses on the structure of reality. Ruling out the possibility of a valentinian origin for the rules of syzygies, it could still fuel a controversy against gnostic interpretations of Gn 1-3, through its treatment of Eve as head of the false prophecy.