La vaccination des travailleurs de la santé (TDS) contre la grippe saisonnière (GS) est recommandée depuis des années, mais la couverture vaccinale dans cette population dépasse rarement les 30 %. En 2009, alors que la grippe pandémique était aux portes de la Suisse, une nouvelle directive institutionnelle a été implémentée dans un hôpital universitaire suisse, obligeant les TDS non vaccinés à porter un masque durant les soins aux patients. La couverture vaccinale contre la grippe pandémique A(HlNl)/2009 (GP) a par la suite été de 52 % dans cet hôpital.
La thèse s'est construite autour de la question de recherche suivante : investiguer les déterminants de cette plus haute acceptation du vaccin contre la GP et rechercher une association de l'acceptation du vaccin avec cette nouvelle Directive de port de masque obligatoire.
Dès lors, une étude rétrospective a été mise en place, impliquant les TDS dans 3 départements hospitaliers critiques - au sens de l'importance d'éviter des complications dues à la transmission nosocomiale d'Influenza chez les patients s'y trouvant. Un questionnaire basé sur la littérature a recueilli dans la population des TDS étudiés leur statut vaccinal auto- déclaré, ainsi que les raisons pour l'acceptation ou le refus des deux types de vaccins antigrippaux et des données démographiques concernant la GS 2009-2010 et la GP. Une étude statistique descriptive, puis uni- et multivariée a été ensuite conduite afin de répondre aux questions de recherche.
L'acceptation vaccinale auto-déclarée auprès des 472 répondants (taux de réponse de 54 %) a été de 64 % pour la GP et de 53 % pour la GS. L'acceptation de la vaccination contre la GP était associée avec le fait d'être vacciné contre la GS (OR 9.5; 95% CI 5.5-16.4), d'être un médecin (OR 7.7; 95% CI 3.1-19.1) et de trouver inconfortable de porter un masque (OR 1.7; 95% CI 1.0-2.8). Les principaux motifs pour refuser la vaccination ont été la préférence pour le port du masque chirurgical (80% pour la GP, non applicable pour la GS) et les inquiétudes sur la sûreté (64%, 50%) et l'efficacité (44%, 35%) des vaccins.
L'étude conclut que les inquiétudes au sujet de la sécurité et l'efficacité du vaccin, de même que l'intérêt personnel des TDS, restent encore actuellement les principaux déterminants associés à l'acceptation de la vaccination antigrippale. Par ailleurs, le port du masque chirurgical obligatoire a en soi été décrit comme promoteur de la vaccination, mais a aussi offert une alternative à la vaccination aux TDS non compilants avec la recommandation de se faire vacciner. Le design de l'étude ne permettait cependant pas de mesurer si la Directive a eu un impact réel sur l'augmentation de la compliance ; une étude ad hoc pourrait être développée.
Dès lors, les perspectives offertes par cette étude sont, dans un contexte helvétique de vaccination antigrippale encouragée mais sur une base volontaire, que l'on doit encore travailler sur la promotion et l'incitation à la vaccination si l'on souhaite augmenter la compliance des TDS avec les recommandations actuelles, en particulier chez le personnel soignant non médecin.