Adoptée en 1995, la nouvelle loi fédérale sur les Hautes écoles spécialisées (HES) a pour objectif le renforcement des liens de ce secteur de formation avec le marché du travail, afin d'accroître la capacité concurrentielle de la place économique suisse. De nouvelles tâches leur sont confiées en matière de recherche et de développement, de prestations à des tiers et de cours post-grades. Dans ce but, sept HES sont homologuées en Suisse, ce qui correspond à une gestion inédite visant à concentrer les filières de formation dans des centres de compétences régionaux.
Les auteurs étudient le cas de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) entre 1995 et 2001, sous l'angle plus précis du plan d'action. Loin de constituer une démarche planifiée, les résultats montrent que l'opération correspondante de priorisation des actes de mise en oeuvre n'est réalisée que très partiellement et conduit à des déficits et des décalages par rapport aux objectifs d'origine du Conseil fédéral. L'explication réside à la fois dans le jeu des acteurs cantonaux, dans le manque de certaines ressources (consensus, temps, légitimité démocratique) et dans la position inconfortable des HES dans l'environnement fédéraliste suisse. Toutefois, si les HES sont coincées, pour l'instant, entre les échelons cantonaux et fédéraux, cette politique publique pourrait en définitive constituer un préambule à un redécoupage territorial de la Suisse en régions.