La tumba de Antigona de Maria Zambrano et Antigone d'Henry Bauchau en comparaison. Enjeux génériques, énonciatifs et éthico-politiques

Détails

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ID Serval
serval:BIB_1E552169A2B7
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
La tumba de Antigona de Maria Zambrano et Antigone d'Henry Bauchau en comparaison. Enjeux génériques, énonciatifs et éthico-politiques
Auteur⸱e⸱s
Coutaz Nadège
Directeur⸱rice⸱s
Heidmann Ute, Klimis Sophie
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Adresse
Faculté des lettres
Université de Lausanne
CH-1015 Lausanne

Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2017
Langue
français
Résumé
Cette recherche se propose de mettre en dialogue La tumba de Antigona (1967) de la philosophe espagnole Maria Zambrano et Antigone (1997) de l'écrivain et psychanalyste belge Henry Bauchau, deux (r)écritures de la tragédie athénienne de Sophocle, Antigone représentée en -441. S'éloignant du genre théâtral majoritairement utilisé par les (r)écritures de cette tragédie à l'époque moderne, La tumba. de Antigona et Antigone créent deux formes singulières en adéquation avec leur époque et avec leur poétique. Un essai philosophico-dramatique, qui mêle long prologue analytique et mise en scène théâtrale, compose La tumba de Antigona, tandis qu'Antigone d'Henry Bauchau se présente sous la forme d'un roman poétique. A travers ces recherches formelles, les deux auteurs explorent d'autres manières d'inventer une Antigone plus proche de leurs préoccupations et de leurs lecteurs.
Notre recherche met en œuvre la comparaison diffe'rentielle et discursive de ces deux œuvres. Comme l'a théorisé Ute Heidmann, celte méthode renonce à étudier l'universalisation des phénomènes littéraires et culturels en faveur de la différenciation qui, elle, s'intéresse à leur dimension plus précisément énonciative et textuelle. Un premier chapitre méthodologique relève ainsi le gain heuristique de la comparaison différentielle et discursive qui propose des notions critiques aptes à saisir les processus de différenciation à l'œuvre dans ces (r)écritures. Nous expliquons en effet les raisons de préférer, dans notre perspective, la ge'ne'ricite' au genre littéraire, le dialogue intertexuel à l'intertextualité, l'analyse des dynamiques discursives à l'analyse des thèmes et des motifs mythologiques isolés. Nous problématisons également l'étude des (r)écritures des mythes gréco-latins, tout en soulignant la difficulté d'étudier les tragédies antiques aujourd'hui.
La première partie de l'analyse s'emploie à souligner la singularité des expériences génériques et énonciatives menées par La tumba de Antigona et par Antigone. Elle montre la manière dont les différentes éditions de La tumba, qui paraît d'abord sous la forme d'un essai savant dans la Revista de Occidente puis sous la forme d'une monographie, jouent avec le genre de l'essai, ses destinataires et ses significations. Parallèlement, l'analyse met en relief les différents modèles génériques réunis sous la bannière romanesque clans Antigone (Bildungsroman, roman d'initiation, noveladel despertar, récit poétique). Les expérimentations génériques menées dans ces deux œuvres sont ensuite mises en lien avec leur recherche d'une énonciation singulière. Nous montrons que La tumba enchevêtre discours philosophique et littéraire, tandis que le roman met en scène une voix narrative empathique, au plus proche de la vision du monde de son personnage.
L'analyse compare ensuite la façon dont les deux œuvres, qui ont pourtant écarté le genre théâtral, jouent néanmoins, chacune à leur manière, avec les codes de ce dernier. L'étude des manuscrits et de certains « vestiges » énonciatifs théâtraux dans La tumba permet de défendre l'hypothèse d'une première volonté de l'auteure d'en faire une pièce. La comparaison des manuscrits avec les différentes éditions dévoile la transformation d'un projet théâtral réel vers un genre hybride, une sorte de dialogue intérieur mis en scène de manière réflexive. Nous montrons comment La tumba, destiné dans un premier temps à la mise en scène, devient ensuite un théâtre de la pensée. Le roman de Bauchau convoque, quant à lui, une dimension théâtrale analogue par le biais de dialogues intertexuels menés avec de nombreuses œuvres de l'Antiquité {Les Métamorphoses d'Ovide, Les Hymnes homériques, ainsi qu'avec les tragédies consacrées aux Labdacides par Sophocle, Eschyle, Euripide, Racine et Sénèque). L'analyse de ces dialogues, principalement entreprise ici par la biais du motif du conflit, montre que le roman conserve un certain imaginaire épique pour donner à sa (r)écriture une dimension héroïque.
L'étude se conclue par la comparaison des dimensions éthiques et politiques de ces deux (r)écritures modernes. En réfléchissant à la part de continuité et d'innovation, elle montre la manière dont La tumba et Antigone réinventent sur certains plans la vertu heuristique prêtée à la tragédie antique, en tant que spectacle alors destiné au citoyen athénien. L'analyse souligne ainsi comment la représentation de la marge et de l'exclusion permet à ces (r)écritures modernes de
réactualiser certaines fonctions initiatiques attribuées au chœur dans l'antiquité. Hlle démontre aussi que toutes les reconl'igurations énonciatives et génériques entreprises par ces textes répondent aux nouvelles préoccupations de leurs auteurs, en donnant une \ oix au rêve, à l'inconscient, au di\ in et à l'inspiration poétique.
Création de la notice
29/06/2018 15:20
Dernière modification de la notice
27/10/2020 11:53
Données d'usage