Comme Sy, comme Za. les pionniers de la solmisation heptacordale en France au XVIIe siècle
Détails
ID Serval
serval:BIB_1D1D246AC44B
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
Comme Sy, comme Za. les pionniers de la solmisation heptacordale en France au XVIIe siècle
Directeur⸱rice⸱s
Frei Constance
Codirecteur⸱rice⸱s
Bock Nicolas
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2023
Langue
français
Résumé
Cette thèse de doctorat a pour but d'étudier l'implantation de la septième syllabe de solmisation en Fnince au XVW siècle, c'est-à-dire le passage de la théorie et de la pratique des hexacordes ( Ut ré mi fa sol la) et des muances à celles de la « gamme du Si», heptacordale, aussi appelée « gamme française ». La Methode facile pour apprendre à chanter la musique, par un maistre celebre de Paris, publiée par Ballard en 1666, marque un tournant ; c'est le premier ouvrage imprimé en France à recommander expressément l'utilisation d'une septième syllabe de solmisation. Dès lors, la gamme du Si s'impose comme la nouvelle nonne dans les publications (traités, méthodes, préfaces, etc.), parallèlement à une actualisation plus générale du discours sur les échelles musicales et sur le solfège, prélude à l'énonciation des principes de la tonalité.
Pourtant, depuis la fin du XVIe siècle, des solmisations heptacordales sont documentées de l'Italie au Danemark et principalement dans les Flandres et la sphère germanique. La France paraît a priori à rebours du reste de l'Europe, tardant d'une part à intégrer le modèle heptacordal et étant d'autre part le seul pays où une septième syllabe est finalement adoptée de manière pérenne. Quel a été le cheminement de ces idées et pratiques jusqu'à leur·intégration dans la « doxa » théorique française, leur passage de la marge à la norme vers 1666 ? Que disent-elles des représentations de l'espace sonore qui coexistent et s'anamorphosent dans ce « laboratoire» qu'est le xvue siècle, isthme entre Humanisme et Lumières? Ces
questions serpentent à travers la littérature scientifique depuis que Brossard, Montéclair ou Rousseau-s'en sont emparés au XVIUC siècle.
L'étude de sources essentiellement manuscrites et issues de divers milieux permet aujourd'hui de dessiner plus précisément les jalons de cette histoire en }'rance depuis 1600 environ, de mettre en lumière la profusion de propositions qui ont été faites ainsi que leurs promoteurs et détracteurs : l'entourage scientifique de Marin Mersenne d'abord, avec son correspondant Christophe De Villiers, médecin à Sens, le maître écrivain Gilles Granjean et l'ingénieur Jean Le Maire, dont le système musical « almérique » et la syllabe Za intéressent jusqu'à Londres, au·cœur du cercle de l'intellectuel Samuel Hartlib. Les sphères religieuses ensuite, avec les psautiers huguenots édités par Antoine Lardenois dans les années 1650 et les avis contrastés des bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur à ïa même époque, en particulier les réticences farouches de l'érudit Jacques Le Clerc, opposé aux méthodes modernes d'Anselme Thévart ou de Benoît De Jumilhac. Les postes clés de la vie musicale française enfin, avec les résistances à la nouveauté d;Artus Aux-Cousteaux à ia Sainte-Chapelle, contrebalancées par l'enseignement progressiste de René Ouvrard, partagé à la Chapelle royale par Thomas Gobert et Henry Du Mont, ou encore par Valentin De Bournonville à Notre-Dame de Paris. C'est en questionnant ces pionniers, leurs écrits et les contextes dans lesquels ils ont évolué que ce pan de l'histoire du solfège est ici mis en perspective et, d'une certaine manière humanisé.
--
The aim of this thesis is to study the implementation of the seventh solmization syllable in France in the 17th century, that is to say, the transition from the theory and practice of hexacords (CD E F GA) and nuances to those of the "gamme du Si", heptacordal, also called "la gamme française". The Methode facile pour apprendre à chanter la musique, par un maistre celebre de Paris, published by Ballard in 1666, is a turning point; it is the first work printed in France to expressly recommend the use of a seventh syllable for solmization. From then on, the "gamme du Si" become the new standard in publications (treatises, methods, prefaces, etc.), in parallel with a more general updating of the discourse on musical scales and solfeggio, which was a prelude to the enunciation of the principles of tonality.
However, since the end of the 16th century, heptacordal solmizations are documented from Italy to Denmark and mainly in Flanders and the Germanie area. France seems a priori to be at odds with the rest of Europe, being on the one hand late in integrating the heptacordal model and on the other hand the only country where a seventh syllable is finally adopted in a perennial way. How did these ideas and practices progress until their integration into the French theoretical "doxa", their passage from the margin to the norm around 1666? What do they say about the representations of sound space that coexist and anamorphose in this "laboratory" that is the 17th century, an isthmus between Humanism and Enlightenment? These questions have meandered through scientific literature since Brossard, Montéclair and Rousseau took them up in the 18th century.
Today, the study of mainly manuscript sources from various circles makes it possible to trace more precisely the milestones of this history in France since about 1600, and to highlight the profusion of proposais that were made as well as their promoters and detractors: The scientific entourage ·of Marin Mersenne first, with his correspondent Christophe De Villiers, a doctor in Sens, the "maître écrivain" Gilles Granjean and the engineer Jean Le Maire, whose "almèrique" musical syste1n and the syllable Za were of interest as far away as London, in the heart of the circle of the intellectual Samuel Hartlib. The religious spheres then, with the Huguenot psalters edited by Antoine Lardenois in the 1650s and the contrasting opinions of the Benedictines of the Congregation de Saint-Maur at the same time, in particular the fierce reticence of the scholar Jacques Le Clerc, who was opposed to the modem methods of Anselme Thévart or Benoît De Jumilhac. Finally, the key positions in French musical life, with Artus Aux-Cousteaux's resistance to novelty at the Sainte-Chapelle, counterbalanced by the progressive teaching of René Ouvrard, shared at the Chapelle Royale by Thomas Gobert and Henry Du Mont, or by Valentin De Bournonville at Notre-Dame de Paris. It is by questioning these pioneers, their writings and the contexts in which they evolved that this part of the history of the solfeggio is put into perspective and, in a way, humanised.
Pourtant, depuis la fin du XVIe siècle, des solmisations heptacordales sont documentées de l'Italie au Danemark et principalement dans les Flandres et la sphère germanique. La France paraît a priori à rebours du reste de l'Europe, tardant d'une part à intégrer le modèle heptacordal et étant d'autre part le seul pays où une septième syllabe est finalement adoptée de manière pérenne. Quel a été le cheminement de ces idées et pratiques jusqu'à leur·intégration dans la « doxa » théorique française, leur passage de la marge à la norme vers 1666 ? Que disent-elles des représentations de l'espace sonore qui coexistent et s'anamorphosent dans ce « laboratoire» qu'est le xvue siècle, isthme entre Humanisme et Lumières? Ces
questions serpentent à travers la littérature scientifique depuis que Brossard, Montéclair ou Rousseau-s'en sont emparés au XVIUC siècle.
L'étude de sources essentiellement manuscrites et issues de divers milieux permet aujourd'hui de dessiner plus précisément les jalons de cette histoire en }'rance depuis 1600 environ, de mettre en lumière la profusion de propositions qui ont été faites ainsi que leurs promoteurs et détracteurs : l'entourage scientifique de Marin Mersenne d'abord, avec son correspondant Christophe De Villiers, médecin à Sens, le maître écrivain Gilles Granjean et l'ingénieur Jean Le Maire, dont le système musical « almérique » et la syllabe Za intéressent jusqu'à Londres, au·cœur du cercle de l'intellectuel Samuel Hartlib. Les sphères religieuses ensuite, avec les psautiers huguenots édités par Antoine Lardenois dans les années 1650 et les avis contrastés des bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur à ïa même époque, en particulier les réticences farouches de l'érudit Jacques Le Clerc, opposé aux méthodes modernes d'Anselme Thévart ou de Benoît De Jumilhac. Les postes clés de la vie musicale française enfin, avec les résistances à la nouveauté d;Artus Aux-Cousteaux à ia Sainte-Chapelle, contrebalancées par l'enseignement progressiste de René Ouvrard, partagé à la Chapelle royale par Thomas Gobert et Henry Du Mont, ou encore par Valentin De Bournonville à Notre-Dame de Paris. C'est en questionnant ces pionniers, leurs écrits et les contextes dans lesquels ils ont évolué que ce pan de l'histoire du solfège est ici mis en perspective et, d'une certaine manière humanisé.
--
The aim of this thesis is to study the implementation of the seventh solmization syllable in France in the 17th century, that is to say, the transition from the theory and practice of hexacords (CD E F GA) and nuances to those of the "gamme du Si", heptacordal, also called "la gamme française". The Methode facile pour apprendre à chanter la musique, par un maistre celebre de Paris, published by Ballard in 1666, is a turning point; it is the first work printed in France to expressly recommend the use of a seventh syllable for solmization. From then on, the "gamme du Si" become the new standard in publications (treatises, methods, prefaces, etc.), in parallel with a more general updating of the discourse on musical scales and solfeggio, which was a prelude to the enunciation of the principles of tonality.
However, since the end of the 16th century, heptacordal solmizations are documented from Italy to Denmark and mainly in Flanders and the Germanie area. France seems a priori to be at odds with the rest of Europe, being on the one hand late in integrating the heptacordal model and on the other hand the only country where a seventh syllable is finally adopted in a perennial way. How did these ideas and practices progress until their integration into the French theoretical "doxa", their passage from the margin to the norm around 1666? What do they say about the representations of sound space that coexist and anamorphose in this "laboratory" that is the 17th century, an isthmus between Humanism and Enlightenment? These questions have meandered through scientific literature since Brossard, Montéclair and Rousseau took them up in the 18th century.
Today, the study of mainly manuscript sources from various circles makes it possible to trace more precisely the milestones of this history in France since about 1600, and to highlight the profusion of proposais that were made as well as their promoters and detractors: The scientific entourage ·of Marin Mersenne first, with his correspondent Christophe De Villiers, a doctor in Sens, the "maître écrivain" Gilles Granjean and the engineer Jean Le Maire, whose "almèrique" musical syste1n and the syllable Za were of interest as far away as London, in the heart of the circle of the intellectual Samuel Hartlib. The religious spheres then, with the Huguenot psalters edited by Antoine Lardenois in the 1650s and the contrasting opinions of the Benedictines of the Congregation de Saint-Maur at the same time, in particular the fierce reticence of the scholar Jacques Le Clerc, who was opposed to the modem methods of Anselme Thévart or Benoît De Jumilhac. Finally, the key positions in French musical life, with Artus Aux-Cousteaux's resistance to novelty at the Sainte-Chapelle, counterbalanced by the progressive teaching of René Ouvrard, shared at the Chapelle Royale by Thomas Gobert and Henry Du Mont, or by Valentin De Bournonville at Notre-Dame de Paris. It is by questioning these pioneers, their writings and the contexts in which they evolved that this part of the history of the solfeggio is put into perspective and, in a way, humanised.
Mots-clé
Si, solmization, solfeggio, scale, gamut, hexacord / heptacord, muances/ mutations, theory / practice, system, representations, France, 17th century.
Création de la notice
02/10/2023 11:25
Dernière modification de la notice
14/03/2024 7:09