Pratiques éducatives familiales et écriture du for privé en Suisse romande (1750-1820)
Détails
ID Serval
serval:BIB_1C50CCB14C2F
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
Pratiques éducatives familiales et écriture du for privé en Suisse romande (1750-1820)
Directeur⸱rice⸱s
Tosato-Rigo D.
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Adresse
Faculté des lettresUniversité de LausanneCH-1015 Lausanne
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2016
Langue
français
Résumé
Cette thèse analyse les pratiques éducatives familiales mises en oeuvre au sein des familles des élites nobiliaires et bourgeoises, au XVIIIe et au début du XIXe siècle. Elle prend pour cadre d'étude le territoire romand protestant, les cantons de Genève, Vaud et de Neuchâtel. Elle propose une nouvelle approche de la thématique éducative en interrogeant en premier heu non pas les archives des institutions et les traités d'éducation - sources classiques de l'histoire de l'éducation - mais les écrits personnels permettant de mettre en lumière les projets et les stratégies des acteurs. Elle s'inscrit dans la veine des études historiques "from below". Parmi les pratiques éducatives étudiées, ce sont les pratiques d'écriture qui ont été particulièrement observées. La recherche menée dans le cadre de ce travail a permis de montrer que depuis le milieu du XVIII0 siècle, l'écriture personnelle prend une importance nouvelle et devient un véritable outil dans l'éducation des enfants, outil qui se décline sous différentes formes. Se développent ainsi les journaux d'éducation tenus par des pères et des mères qui consignent des observations précises sur l'enfant et son développement et ce depuis sa naissance. Cet outil est également utilisé par les précepteurs et les gouvernantes qui recueillent avec minutie les observations sur leurs élèves, leurs progrès intellectuels et moraux et l'impact des leçons qui leur sont dispensées. Cette étude explique le développement de ces formes scripturaires et les influences ou modèles qui leur ont donné naissance. Parmi ces influences, signalons l'esprit scientifique propre aux Lumières, qui fait de l'observation et l'expérimentation la clé de voûte de l'élaboration des nouvelles méthodes éducatives ainsi que la littérature d'éducation qui promeut activement cet usage. Ces pratiques sont révélatrices du nouveau regard porté sur l'enfant et l'éducation.
Durant cette période, il existe un véritable marché éducatif à disposition des familles. Les pères et les mères ont la haute-main sur les parcours de formation de leur progéniture, parcours qui mélangent, au gré des besoins, dans le cadre de l'éducation masculine, l'offre publique et les pratiques d'éducation particulière. Alors que les historiens de l'éducation ont longtemps déploré que ces usages demeurent dans l'ombre, en raison de l'absence de sources pour les renseigner, les écrits personnels offrent l'opportunité d'étudier ces pratiques. Ces sources permettent non seulement de témoigner de la mise en oeuvre des théories éducatives au sein des familles mais également de questionner le discours des parents sur les enjeux de la formation, sur les manuels à leur disposition ou les institutions qu'ils fréquentent à l'instar du collège, de l'académie ou des pensions. Leurs écrits rendent compte de la perception par ces différents acteurs des fonctions qu'ils endossent ; pères, mères et éducateurs, fonctions qui se voient au même moment redéfinies. Les pratiques qui ont cours dans les familles mettent en lumières la perception - dans un rapport différencié - des enjeux de la formation masculine et féminine et de la façon dont cette différence conditionne, au quotidien, l'éducation dispensée.
La constitution du corpus - qui a été intégré dans le cadre d'un projet plus vaste de repérage des écrits personnels à l'échelle romand - a permis de faire émerger un autre genre d'écrits : les journaux rédigés par les enfants ou les jeunes gens eux-mêmes. En effet, ont été repérés plus de soixante-dix journaux tenus, entre 1720 et 1820 par des jeunes gens âgés de 8 à 21 ans. L'analyse de ces écrits permet de démontrer que l'écriture enfantine et de jeunesse constitue, au XVIIIe siècle déjà, une pratique courante dans le monde des élites nobiliaires et bourgeoises protestante, et que ce phénomène touche dans des proportions similaires les filles et les garçons. Cette importance de l'écriture diaristique de jeunesse avait été clairement sous-estimée. Le corpus réuni permet de questionner l'expérience enfantine et le temps de formation par le biais d'écrits rédigés par les jeunes gens eux-mêmes et non par les seules traces qu'en ont laissées les adultes. L'analyse des facteurs qui ont influencé ces usages met en lumière le poids des pratiques religieuses mais aussi le rôle clé de la famille dans la perpétuation de ces pratiques. Elle révèle une véritable culture familiale du journal de jeunesse qui n'exclut toutefois pas une part d'initiative des enfants eux-mêmes. L'étude de ces journaux permet de démontrer les mécanismes d'écriture et la façon dont les jeunes gens usent de la plume pour revendiquer leur autonomie et leur capacité à gérer par eux-mêmes leur formation et leur propre existence.
Durant cette période, il existe un véritable marché éducatif à disposition des familles. Les pères et les mères ont la haute-main sur les parcours de formation de leur progéniture, parcours qui mélangent, au gré des besoins, dans le cadre de l'éducation masculine, l'offre publique et les pratiques d'éducation particulière. Alors que les historiens de l'éducation ont longtemps déploré que ces usages demeurent dans l'ombre, en raison de l'absence de sources pour les renseigner, les écrits personnels offrent l'opportunité d'étudier ces pratiques. Ces sources permettent non seulement de témoigner de la mise en oeuvre des théories éducatives au sein des familles mais également de questionner le discours des parents sur les enjeux de la formation, sur les manuels à leur disposition ou les institutions qu'ils fréquentent à l'instar du collège, de l'académie ou des pensions. Leurs écrits rendent compte de la perception par ces différents acteurs des fonctions qu'ils endossent ; pères, mères et éducateurs, fonctions qui se voient au même moment redéfinies. Les pratiques qui ont cours dans les familles mettent en lumières la perception - dans un rapport différencié - des enjeux de la formation masculine et féminine et de la façon dont cette différence conditionne, au quotidien, l'éducation dispensée.
La constitution du corpus - qui a été intégré dans le cadre d'un projet plus vaste de repérage des écrits personnels à l'échelle romand - a permis de faire émerger un autre genre d'écrits : les journaux rédigés par les enfants ou les jeunes gens eux-mêmes. En effet, ont été repérés plus de soixante-dix journaux tenus, entre 1720 et 1820 par des jeunes gens âgés de 8 à 21 ans. L'analyse de ces écrits permet de démontrer que l'écriture enfantine et de jeunesse constitue, au XVIIIe siècle déjà, une pratique courante dans le monde des élites nobiliaires et bourgeoises protestante, et que ce phénomène touche dans des proportions similaires les filles et les garçons. Cette importance de l'écriture diaristique de jeunesse avait été clairement sous-estimée. Le corpus réuni permet de questionner l'expérience enfantine et le temps de formation par le biais d'écrits rédigés par les jeunes gens eux-mêmes et non par les seules traces qu'en ont laissées les adultes. L'analyse des facteurs qui ont influencé ces usages met en lumière le poids des pratiques religieuses mais aussi le rôle clé de la famille dans la perpétuation de ces pratiques. Elle révèle une véritable culture familiale du journal de jeunesse qui n'exclut toutefois pas une part d'initiative des enfants eux-mêmes. L'étude de ces journaux permet de démontrer les mécanismes d'écriture et la façon dont les jeunes gens usent de la plume pour revendiquer leur autonomie et leur capacité à gérer par eux-mêmes leur formation et leur propre existence.
Création de la notice
12/07/2016 10:51
Dernière modification de la notice
29/10/2020 12:29