Ce travail se veut une synthèse des connaissances sur le culte de la Mère des dieux à Rome et dans l'Empire romain, ainsi qu'une mise à jour de l'ouvrage d'Henri Graillot paru en 1912. Elle s'articule autour de cinq chapitres qui nous ont permis d'aborder toutes les facettes de ce culte. La Mère des dieux, aussi connue sous le nom de Cybèle, est une figure divine anonyme originaire de Phrygie que les Romains décidèrent d'introduire en 204 av. J.-C. Notre premier chapitre retrace les événements qui marquèrent l'arrivée de ce nouveau culte en rappelant les récits légendaires élaborés par les Romains afin de justifier de son introduction. Il traite également du sanctuaire de la déesse érigé sur le Palatin, ainsi que d'Attis, le compagnon phrygien de la déesse.
Le second chapitre est consacré aux rites et aux fêtes célébrés à Rome et dans l'Empire romain. Dès 204 av. J.-C., les Romains instaurèrent les ludi Megalenses célébrés chaque année du 4 au 11 avril. Ces jeux commémoraient l'arrivée de la déesse à Rome et la dédicace de son temple palatin. Puis à l'époque impériale, de nouvelles fêtes furent ajoutées et célébrées durant le mois de mars, en plus des jeux d'avril : canna intrat, arbor intrat, sanguem, hilaria, requieto, lauatio sont les noms donnés à ces journées festives inscrites, elles aussi, sur le calendrier officiel. Nous avons proposé une nouvelle interprétation de ces fêtes qui célébraient les mythes relatifs à la Mère des dieux et à Attis.
Notre troisième chapitre s'intéresse aux acteurs cultuels métroaques. Parmi les acteurs cultuels orientaux, nous avons traité du couple sacerdotal phrygien et des galles venus spécialement de Phrygie pour honorer la déesse selon leurs coutumes. Ensuite nous avons dressé la liste de tous les acteurs cultuels romains attestés par les sources. Magistrats, prêtres, prêtresses, archigalles, assistants de prêtres, gardiens de temple, joueurs de flûte, de tambourin et de cymbales, porteuses de cemus, cybélique, sont autant de fonctions sur lesquelles nous avons fait le point de nos connaissances. Ces informations nous ont permis de mieux comprendre l'organisation du culte et les rôles remplis par chacun.
Notre quatrième chapitre est consacré aux collèges et associations religieuses placés sous le patronage de la Mère des dieux. A l'époque impériale, la déesse rencontra un grand succès puisque nous avons recensés sept associations qui se constituèrent autour d'elle. Pour chacune de ces communautés, nous avons réuni l'ensemble de la documentation pour tenter de dégager leurs spécificités.
Enfin dans notre dernier chapitre, nous avons abordé la question du taurobole et du criobole considérés comme des rites initiatiques dont la pratique était largement attestée à l'époque impériale sur l'ensemble du territoire romain. Sur la base d'un corpus de 142 témoignages iconographiques et épigraphiques, édités et traduits dans notre annexe, nous avons proposé une nouvelle interprétation de ce rite. Selon nous, le taurobole consistait en un rituel complexe dans lequel les uires de l'animal sacrifié ainsi que le cernus jouaient un rôle essentiel. Nous avons supposé que la mise à mort du taureau ou du bélier se faisait par le biais de la castration et que les uires étaient ensuite apprêtées comme des exta. Conservés dans le cernus, ceux-ci étaient alors transmis au taurobolié pour la seconde partie du rite qui consistait à consommer cet aliment dans une sorte de repas initiatique en partage avec la divinité.