La résistance des clercs : enjeux du bilinguisme dans le Roman de Fauvel remanié et dans les gloses à l'Owcte moralisé
Détails
ID Serval
serval:BIB_11C25463E86C
Type
Thèse: thèse de doctorat.
Collection
Publications
Institution
Titre
La résistance des clercs : enjeux du bilinguisme dans le Roman de Fauvel remanié et dans les gloses à l'Owcte moralisé
Directeur⸱rice⸱s
Cavagna Mattia
Codirecteur⸱rice⸱s
Muhlethaler Jean-Claude
Détails de l'institution
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Statut éditorial
Acceptée
Date de publication
2019
Langue
français
Résumé
Dans le processus d'affirmation et d'émancipation du français, le XIVe siècle est généralement considéré comme un point de rupture : désormais reconnue en tant que véhicule légitime de la culture écrite, la langue vernaculaire achève d'imposer son statut de nouvel idiome de référence. Pourtant, entre la fin des années 1310 et le début des années 1320, deux textes français se trouvent entremêlés de latin au gré de l'insertion de pièces musicales ou de l'addition de gloses marginales : le Roman de Fauvel et l'Ovide moralisé. Dans un moment de vernacularisation massive des lettres en France, les auteurs du corpus introduisent du latin au sein de manuscrits de luxe rédigés en français à destination de la haute aristocratie et s'inscrivent ainsi en rupture avec l'air du temps.
À partir de l'analyse des interactions entre le texte français et les sections latines, la thèse a l'ambition de fournir une explication à ce qui représente un véritable défi épistémologique : la présence d'annotations ou d'interpolations latines constitue en effet bien davantage que la simple preuve de la réception savante des textes vernaculaires, mais reflète plutôt un phénomène sociologique fondamental - à savoir la nécessité, ressentie par les clercs, de « défendre » leur place dans le processus d'élaboration et de diffusion du savoir, alors que, sous le règne des derniers Capétiens, s'instaurent progressivement les conditions de la mainmise du prince sur l'écrit.
La thèse propose donc de considérer l'emploi littéraire du bilinguisme comme un moyen de résistance à la réception autonome des textes par les laïcs : par l'introduction de sections latines incompréhensibles au lecteur laïque, le clerc s'impose comme intermédiaire entre le livre et son lecteur afin de s'assurer que les textes, lus à bon escient et correctement interprétés, trouvent leur pleine utilité morale. Ainsi, sous la surface d'œuvres linguistiquement hybrides, se révèlent les champs de force d'une dynamique sociale et culturelle de négociation entre les prérogatives du clerc et les ambitions du prince.
À partir de l'analyse des interactions entre le texte français et les sections latines, la thèse a l'ambition de fournir une explication à ce qui représente un véritable défi épistémologique : la présence d'annotations ou d'interpolations latines constitue en effet bien davantage que la simple preuve de la réception savante des textes vernaculaires, mais reflète plutôt un phénomène sociologique fondamental - à savoir la nécessité, ressentie par les clercs, de « défendre » leur place dans le processus d'élaboration et de diffusion du savoir, alors que, sous le règne des derniers Capétiens, s'instaurent progressivement les conditions de la mainmise du prince sur l'écrit.
La thèse propose donc de considérer l'emploi littéraire du bilinguisme comme un moyen de résistance à la réception autonome des textes par les laïcs : par l'introduction de sections latines incompréhensibles au lecteur laïque, le clerc s'impose comme intermédiaire entre le livre et son lecteur afin de s'assurer que les textes, lus à bon escient et correctement interprétés, trouvent leur pleine utilité morale. Ainsi, sous la surface d'œuvres linguistiquement hybrides, se révèlent les champs de force d'une dynamique sociale et culturelle de négociation entre les prérogatives du clerc et les ambitions du prince.
Création de la notice
30/08/2019 10:14
Dernière modification de la notice
10/12/2019 6:17