Introduction :
Les polytraumatismes sévères constituent un problème de santé publique majeur. Ils sont grevés d’une mortalité importante en majeure partie due à des hémorragies massives qui représentent la principale cause évitable de décès. Il a été démontré que l’implémentation de protocoles de transfusion massive est non seulement associée à une réduction de la mortalité, mais également à une optimisation du nombre de produits sanguins délivrés. Actuellement au CHUV, un protocole de transfusion massive, destiné notamment à la prise en charge du patient polytraumatisé, est en cours d’élaboration. Une meilleure identification de ces patients aiderait à développer des critères permettant d’activer une filière de ‘’transfusion massive’’ depuis le pré-hospitalier.
Méthode :
Nous avons fait une étude rétrospective de toutes les missions effectuées par les secours pré-hospitaliers basés à Lausanne entre 2008 et 2014. Les données ont été extraites de deux bases de données préexistantes : le Trauma Registre of Acute Care (TRAC), qui collecte les données des polytraumatisés pris en charge initialement en salle de déchocage du CHUV et la base de donnée du secteur pré-hospitalier du Service des Urgences du CHUV. Nous avons recoupé ces deux sources pour identifier les patients pris en charge par le SMUR ou par la REGA basés à Lausanne et qui ont bénéficié d’une transfusion lors de leur prise en charge au CHUV. Les données prises en compte comprenaient les paramètres mesurés en pré-hospitalier et déterminants dans le calcul du Revised Trauma Score: le Glasgow Coma Scale, la valeur de la tension artérielle systolique, la fréquence respiratoire ainsi que le mécanisme traumatique. D’autres éléments tels que le score ISS et NACA, ainsi que les traitements d’urgences pré-hospitaliers administrés ont également été étudiés.
Résultats :
Au cours de la période étudiée, 12'568 missions pré-hospitalières ont été effectuées, dont 2’578 concernaient des traumatisés. Une transfusion massive a été nécessaire chez 22 de ces patients (0.85%). Les patients ayant bénéficié d’une transfusion massive étaient majoritairement des hommes impliqués dans des traumas fermés survenus lors d’accidents de la voie publique. Ces patients ont subi des traumatismes plus graves, reflétés par un NACA et un ISS médians plus élevés que les patients n’ayant pas eu besoin d’une transfusion massive. A leur admission à l’hôpital, ils avaient des paramètres vitaux plus perturbés et un Glasgow plus bas. De plus, ils nécessitent une prise en charge médicamenteuse et chirurgicales plus lourdes et avaient une mortalité à 48h plus élevée.
Conclusions :
Le nombre de patients transfusés massivement que nous avons pu inclure était faible, non seulement pour des raisons de typologie de lésions, mais également par des difficultés au niveau institutionnel d’identifier d’obtenir des informations transfusionnelles fiables et de par un biais de survie impliquant des décès précoces avant d’avoir pu transfuser les 10 culots érythrocytaires requis.
Malgré tout, les patients transfusés massivement semblaient avoir un état plus grave avec des besoins accrus en traitement d’urgence préhospitalier. Ceci participe ainsi à l’identification précoce des patients susceptible de bénéficier d’une transfusion massive.