Cet article analyse la manière dont les théories spirites décrivent le médium comme un organisme hypersensible, captant et enregistrant des phénomènes invisibles, à savoir comme une machine à projeter des images et des sons sur une scène virtuelle. C'est le cas de Mlle Smith étudiée par le médecin et le philosophie des sciences Théodore Flournoy : lors des séances privées, cette patiente encline à la rêverie et à la transe fournit les conditions d’un spectacle audiovisuel qui se déroule dans une semi-obscurité nécessaire aux apparitions spectrales, Tout, en et autour d’elle, prend l’allure d’un spectacle, avec un public, un bonimenteur, une mise en scène et une production audiovisuelle à laquelle, toutefois, elle seule a accès puisqu’elle ne fait que communiquer à l’assistance, par écrit ou oralement, le résultat de ses visions. Or, le dispositif de la transe somnambulique rappelle certains aspects de l’expérience cinématographique en tant qu’elle propose au spectateur d’abdiquer son identité propre au profit d’une évasion dans un imaginaire composé d’images et de sons. Partant d'une analyse de sources, ce chapitre analyse l'impact du dispositif cinématographique sur la conceptualisation du somnambulisme et de la fantasmagorie au tournant du XXe siècle.