Introduction : Chaque personne perd du poids la nuit. Cette perte de poids nocturne (PPN) est dû à la respiration, le métabolisme et la transpiration. Il existe néanmoins une grande variabilité de perte de poids nocturne qui n’est que partiellement comprise, mais elle serait dûe aux variations de la transpiration nocturne, qui est sous contrôle du système nerveux sympathique. Notre tension artérielle subit un rythme circadien. Elle est sensée baisser durant la nuit de manière physiologique et ce changement de pression est appelé « Dipping ». Ce phénomène est, comme la PPN, sous l’influence du système sympathique. Il est possible qu’une PPN conséquente soit un indicateur indirect d’une activation importante du système sympathique, et soit ainsi associée à un non-dipping, mais ceci n’a, à notre connaissance, pas été étudié. Le but de cette étude est de vérifier s’il existe une corrélation entre la perte de poids nocturne, mesurable facilement à domicile, et le degré de dipping de la tension artérielle.
Méthodologie : Nous avons proposé l’étude à des patients du service de néphrologie du CHUV, chez qui une mesure ambulatoire de la pression artérielle sur 24h (MAPA) était prévue. Chez ceux qui ont accepté de participer, un bref examen clinique a été effectué le jour de leur MAPA. Une balance leur a été fournie ainsi qu’un questionnaire qu’ils ont rempli à la maison. Les participants ont ensuite mesuré eux-mêmes leur poids avant de se coucher puis le lendemain matin. Des tests de corrélation et de régression ont été effectués afin de vérifier s’il existe une corrélation.
Résultats : Nous avons inclus 39 personnes à notre étude. La perte de poids nocturne (PPN) moyenne et médiane sont de 366.6g et 300.0g respectivement. Il n’existe pas de corrélation statistiquement significative entre la PPN et le dipping, qu’il soit systolique ou diastolique (r = -0.1240 ; r = -0.1054 respectivement). Nous trouvons une corrélation significative entre la PPN et la tension artérielle moyenne, la consommation régulière d’alcool ainsi que la taille (r = 0.3524, r = 0.3425 et r = 0.3601 respectivement) mais aucune n’a été prouvée entre la PPN et le sexe ou la transpiration nocturne relevée par questionnaire (r = -0.0154, p = 0.9278).
Conclusion : Il n’y a pas de corrélation entre la perte de poids nocturne et le dipping systolique ou diastolique dans notre échantillon. La PPN ne peut donc pas être utilisé comme test de dépistage pour le dipping. Cependant, pour des raisons peu claires une tension artérielle moyenne élevée sur 24h est associée à une perte de poids nocturne plus grande, comme la consommation régulière d’alcool ou encore la taille de la personne.