Malgré tous les progrès faits dans le domaine de la microchirurgie, la reconstruction par lambeau libre du membre inférieur dans de multiples contextes cliniques, notamment dans le contexte post-traumatique reste associée à de hauts taux de complications. En effet, la combinaison fréquente d'artériopathie des membres inférieurs ainsi que le contexte post­ traumatique et souvent les infections y étant associés rendent la reconstruction microchirurgicale d'autant plus complexe.
L'un des aspects critiques en période post-opératoire et la gestion de la douleur. En effet, nombreuses études montrent l'importance d'une gestion optimale de la douleur afin de minimiser le risque de complications. Les opiacés restent une pierre angulaire de la gestion de ses douleurs, malgré le risque de dépendance associée à leur utilisation ainsi que leurs effets secondaires.
Nombreuses études, notamment en chirurgie orthopédique montrent un effet bénéfique de l'utilisation d'anesthésie locorégionale sur la douleur post-opératoire et mettent également en évidence une diminution de l'utilisation d'opiacés en période post-opératoire et de surcroît une diminution des effets secondaires liés à ceux-ci. Cependant, peu d'études explorent le rôle de l'anesthésie locorégionale en chirurgie plastique et ce d'autant plus dans le domaine de la reconstruction microchirurgicale avec lambeau libre des membres inférieurs.
Le but de ce projet de recherche était d'étudier le rôle de l'anesthésie locorégionale sous forme de bloc nerveux sciatiques poplités et ses effets sur les douleurs post-opératoires ainsi que l'utilisation d'opiacés. Par ailleurs, nous voulions également explorer les effets secondaires associés à l'utilisation du bloc sciatique poplité en injection unique.
L'étude rétrospective que nous avons menée afin d'étudier ces éléments, bien que non randomisée et limitée en terme du nombre de patients inclus donne des résultats prometteurs. En effet, les douleurs rapportées par les patients en période post-opératoire, évaluées par une échelle visuelle analogique, étaient significativement plus basses chez les patients ayant bénéficié d'un bloc nerveux périphérique à J1 post-opératoire.
Par ailleurs, l'utilisation d'opiacés dans la période post-opératoire était significativement moins importante chez les patients ayant bénéficié d'un bloc nerveux en comparaison avec les patients ayant bénéficié d'une anesthésie générale simple et ce à J1 et J2 post­ opératoire. La consommation totale d'opiacés était également significativement plus basse dans la première semaine post-opératoire et patient ayant bénéficié d'un bloc nerveux périphérique. De plus, nous n'avons pas décelé de complication en lien direct avec la réalisation de l'anesthésie locorégionale en préopératoire et les complications post­ opératoires du groupe de patients ayant bénéficié de celle-ci étaient similaires au groupe n'en ayant pas bénéficié.
À notre connaissance, il s'agit de la première étude évaluant le rôle de du bloc nerveux locorégional en injection unique dans un contexte de reconstruction du membre inférieur. Ces résultats préliminaires devront être confirmés par une étude plus grande et idéalement randomisée afin de promouvoir l'utilisation de blocs locorégionaux dans la reconstruction du membre inférieur par lambeau libre.