Introduction
Un enfant sur 100 vient au monde avec une malformation cardiaque congénitale. Grâce aux progrès de la cardiologie pédiatrique ainsi que de la chirurgie cardiaque, la majorité de ces enfants atteint l'âge adulte. Près de 20% de ces patients requièrent une correction chirurgicale impliquant la valve pulmonaire. Le suivi de ces patients démontre qu'une partie d'entre eux nécessite un changement valvulaire pulmonaire soit au premier geste chirurgical, soit dans l'enfance, avec une mise en place d'une valve biologique. La durée de fonctionnalité d'une valve pulmonaire biologique étant de limitée (en moyenne 10 ans), un changement de valve est souvent indiqué en raison d'une sténose ou d'une insuffisance valvulaire.
Depuis une vingtaine d'années, il est possible d'implanter des valves pulmonaires de manière percutanée, évitant ainsi la chirurgie invasive conventionnelle et les complications qui y sont liées. A l'heure actuelle, ce type d'intervention a déjà été réalisé une dizaine de milliers de fois dans le monde. Dans ce contexte, il est intéressant d'étudier les indications (cliniques, biologiques) ainsi que les résultats à court et à long terme de ces interventions au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV).
Méthodologie
Dans ce travail, une étude rétrospective des résultats de l’implantation de la valve pulmonaire par voie percutanée chez 23 patients sur une période de 8 ans est présentée. Les différentes données relatives aux remplacements valvulaires sont relevées depuis la base de données sécurisée du CHUV. Finalement, ces résultats lausannois sont comparés avec une étude de la littérature actuelle.
Résultats :
Entre les années 2012 et 2020, 23 patients ont été candidats à un remplacement percutanée de la valve pulmonaire. Dix-sept patients étaient de sexe masculin contre six femmes. La moyenne d’âge, au moment de l’intervention, est de 24.2 ans. La principale indication, dans cet échantillon de patients, au remplacement de la valve pulmonaire est la tétralogie de Fallot suivie des malformations de la voie d’éjection du ventricule droit telle que la sténose pulmonaire. En tout, 17 valves ont pu être implantées contre 5 interruptions de l’intervention pour cause de compression des artères coronaires. La majorité des valves utilisées (16 sur 17) sont des valves du modèle Melody avec différents diamètres d’implantation. Une seule valve de la marque Edward Sapien a été implantée. Le temps moyen nécessaire pour l’intervention est de 2 heures et 3 minutes. Le temps moyen d’irradiation est de 25min et la quantité utilisée moyenne de produit de contraste est de 2.3 ml/kg. Cette nouvelle valve implantée permet une amélioration hémodynamique chez ces patients avec une diminution moyenne du gradient de la voie pulmonaire de 26.2mmHg. . Les complications aigües post-implantations sont inexistantes dans cette cohorte, tout comme la mortalité.
Conclusions :
Le remplacement percutané de la valve pulmonaire à Lausanne est efficace et dépourvu de complication. En effet, le taux de complication est en-dessous de ce que nous pouvons retrouver dans la littérature et l’évolution hémodynamique est en accord avec ce qui est retrouvé dans d’autres centres de cardiologie. Cependant, presque un quart des interventions n’a pas pu aller jusqu’à son terme, en raison d’un risque trop important de compression des artères coronaires. Un remplacement par chirurgie a par conséquent dû être indiqué. Des études futures à long-terme sur l’évolution de la valve dans le temps seront nécessaires afin d’avoir une évaluation plus complète en termes de durée de vie et d’efficacité de ces valves pulmonaires implantées.