L'infection urinaire (IU) est une maladie de l’appareil urinaire, fréquente chez l'enfant, qui peut toucher le parenchyme rénal (pyélonéphrite aiguë) ou la vessie (cystite aiguë), avec une incidence de 8% chez les filles et de 2% chez les garçons.
Les facteurs de risque reconnus pour la survenue d'une IU chez l'enfant sont les suivants : l’âge, le sexe, les malformations uro-génitales (par exemple : le reflux vésico-urétéral (RVU), l’hydronéphrose, ou l’urétérocèle), la constipation, la vessie instable et l’utilisation des bains moussants chez la fille. Ces facteurs de risque entrent en jeu aussi dans le risque de développer des conséquences à court et long terme à la suite de ces IU et peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé de l’enfant. Une pyélonéphrite aiguë peut être grevée de cicatrices rénales, qui peuvent mener à des complications à court et long terme, telles que l'hypertension artérielle et l'insuffisance rénale aiguë ou chronique. Il est donc indispensable d’effectuer un diagnostic rapide d’une IU, afin de détecter précocement les patients les plus à risque de complications futures, d’où l’intérêt de notre étude sur les facteurs de risque de survenue d’IU.
L’étude est basée sur une recherche rétrospective visant les dossiers des enfants âgés de 0 à 18 ans et suivis en néphrologie pédiatrique au CHUV entre le 01.01.2008 et le 31.12.2018 en raison d’une IU fébrile.
Nos résultats montrent que le sexe féminin constitue un facteur de risque pour la survenue d’un premier épisode d’IU entre l’âge de 1 à 4 ans, et la période avant l’âge d’un an est la période la plus à risque pour la survenue d’une IU chez les garçons.
La vessie instable, chez les enfants en âge de propreté, est un facteur de risque très présent dans notre étude et très bien investigué, avec une prévalence augmentée chez les patients qui ont eu plusieurs épisodes d’IU et chez les patients qui ont eu leurs premiers épisodes d’IU entre 1 et 4 ans. Cependant, dans notre population, on n’a pas constaté une association entre la vessie instable et la constipation et, cette dernière, a été retrouvée que chez une minorité de nos patients.
Le RVU est retrouvé plus fréquemment chez les patients ayant eu le 1er épisode d’IU tôt dans l’enfance et plus les enfants ont le 1er épisode urinaire tôt, plus ils sont susceptibles de présenter un RVU et plus ce reflux est susceptible d’être de haut grade. Le RVU a également été retrouvé comme facteur de risque pour la survenue des cicatrices rénales, mais pas comme facteur de risque pour les récidives des IU. La moitié de nos patients avait comme facteur de risque la présence d’anomalies anatomiques à l’US rénal.
La tendance à récidiver les IU est surtout observée chez les patients ayant le 1er épisode d’IU à plus d’un an.
Pour ce qui concerne les conséquences sur la fonction rénale ou sur le parenchyme (cicatrices), les résultats des scintigraphies effectuées chez nos patients étaient globalement plutôt rassurants, vu qu’il y avait qu’une minorité de patients avec répercussions sur la fonction rénale et/ou des cicatrices.
Globalement, on peut conclure de notre étude que les facteurs de risque connus pour une IU, hormis la constipation, sont présents dans notre population. Les enfants suivis pour des IU en néphrologie pédiatrique du CHUV, reçoivent une très bonne prise en charge, mais afin d'améliorer encore plus la prise en charge des patients souffrant d’IU, on peut donc proposer aux médecins : de se rappeler d’investiguer l’anamnèse des bains moussants chez la fille, d’être attentifs à la survenue d’une vessie instable chez les patients présentant le 1er épisode d’IU entre 1 et 4 ans, et de se rappeler de l’importance du suivi à long cours de ces enfants, vu la fréquence du risque de récidive.