Problématique
La violence conjugale est presque toujours associée à une représentation de genre selon laquelle
la femme est victime et l’homme est auteur. Or, bien que les femmes en soient effectivement
les principales victimes, les hommes aussi peuvent subirent des violences conjugales. Cette
problématique reste pourtant peu abordée, que ce soit au niveau public ou littéraire.
Les objectifs de ce travail de recherche qualitative sont de mieux comprendre la nature des
violences que subissent les hommes victimes de violence conjugale et comment s’articule leur
prise en charge en Suisse francophone à travers les perceptions de professionnel.le.s impliqués
dans celle-ci.
Ce travail a également pour but d’identifier les barrières à l’aide et à la recherche d’aide par les victimes, les potentiels manques de ressources et les objectifs futurs à mettre en place pour permettre une meilleure prise en charge.
Compte tenu des limitations de temps et afin de restreindre le cadre de ce travail de Master, ce travail se concentre sur les hommes victimes cisgenres hétérosexuels, qui correspondent à la majorité des hommes victimes de violences conjugales.
Méthodologie
Afin de mieux comprendre le contexte médico-social des hommes victimes, une revue de la littérature suisse et étrangère disponible a été réalisée. Il existe actuellement une lacune au niveau de la littérature sur ce sujet, néanmoins la thématique connaît un intérêt en essor depuis ces 5 dernières années. Suite à cette revue, huit entretiens ont été conduits avec neufs professionnel.le.s impliqué.e.s dans le réseau d’aide aux victimes de violences conjugales. Les entretiens ont été retranscrits et une analyse thématique a été réalisée sur ces derniers.
Résultats
En Suisse Francophone comme à l’étranger, les hommes victimes de violences conjugales sont un tabou social peu étudié et leur vécu reste encore mal connu. Leur prise en charge est actuellement bien organisée dans les cantons de Vaud et de Genève, mais doit encore se développer dans les autres cantons francophones. Les potentiels points d’amélioration identifiés par le travail sont : 1) l’addition d’organismes spécifiques aux hommes victimes tels que des associations et des centres d’hébergement, 2) une amélioration au niveau de la prévention et de la représentation des hommes victimes dans la sphère publique, 3) une meilleure formation des professionnel.le.s participant à leur prise en charge.
Une étude de population à grande échelle serait nécessaire afin de comprendre leurs réels besoins et de permettre ainsi une prise en charge optimale. L’apport des outils des études genre serait également utile pour comprendre les répercussions des représentations sociales du genre masculin sur leur vécu et leur prise en charge.