Le développement récent de l’évènement sportif que constituent désormais les Jeux Paralympiques interroge à la fois les transformations du sport et les « métamorphoses du handicap » (H.J. Stiker, 2009) depuis les années 1950. Le « monde paralympique » (comme monde social au sens de Strauss, 1992) s’offre comme un terrain d‘observation au sein duquel se discutent, se jouent, se construisent, se testent et s’affirment des pratiques et des règles cherchant à concilier le projet sportif de mise en ordre hiérarchique des Hommes et des nations et le projet sociétal d’une « inclusion » de tous, quelles que soient les différences, et ici en l’occurrence les déficiences. De multiples figures habitent ce monde, certaines mises en scène et héroïsées, d’autres soigneusement occultées, d’autres encore honnies. De nombreuses ambivalences le construisent, oscillations périlleuses entre une logique d’intégration au monde sportif et une logique d’affirmation d’une certaine « image du nous » (au sens où l’entend Norbert Elias) qui ne veut se dissoudre totalement dans le tout sportif. Mais quelle est cette « image du nous » paralympique, et que nous dit-elle des transformations du handicap, du corps, et du sport actuellement à l’œuvre dans nos sociétés ?