Contexte. Les problèmes de santé possiblement liés au travail sont un motif fréquent de consultation de médecine de premier recours en Suisse. Compte tenu du faible nombre de médecins du travail, leur identification et leur prise en charge repose majoritairement sur les médecins internistes généralistes (MIG).
But de l’étude. Investiguer les pratiques des MIG en lien avec les problématiques professionnelles de leurs patients : l’anamnèse professionnelle, la détection, la prise en charge et la prévention des maladies professionnelles et des maladies liées au travail.
Méthode. Etude qualitative à type d’entretiens semi-directifs administrés en face à face à 12 médecins volontaires parmi les MIG du Canton de Vaud. Les échanges ont ensuite été retranscrits, codés par thème et analysés.
Résultats. Les MIG investiguent effectivement le champ professionnel de leurs patients, cependant, les données collectées peuvent être succinctes. Les expositions professionnelles sont peu documentées bien que les médecins relèvent la fréquence des affections psychiques et des troubles musculosquelettiques. Certaines pathologies qui peuvent être en lien avec le travail et dont la fréquence n’est pas négligeable (cancers professionnels par exemple), ne sont pas systématiquement recherchées, ce qui pose la question de leur détection et de leur sous déclaration.
Les aspects assécurologiques sont omniprésents et constituent une tâche vis-à-vis de laquelle une certaine ambivalence voire inconfort sont relevés. Les échanges avec les employeurs ne sont pas courants. Quand ils ont lieu, ils peuvent s’avérer fructueux pour définir la durée des arrêts de travail et les modalités de retour au travail.
En ce qui concerne la prévention, elle est rapportée lorsque certaines expositions à risque sont détectées. Elle reste néanmoins limitée.
Conclusion. Pour améliorer les pratiques d’anamnèse, d’identification et d’orientation des patients dans le cadre des problématiques professionnelles, l’investigation de pistes identifiées par notre étude serait utile, telles que répondre aux besoins de formation des médecins et améliorer le travail en réseau pour inclure les médecins du travail, les employeurs et les assureurs.