Contexte : Le terme de « complexité » est très largement et fréquemment utilisé en médecine de famille. Le but de cette étude est I) d’explorer les représentations des généralistes de la complexité et du « patient complexe » en médecine de famille, II) d’évaluer en quoi leurs définitions correspondent ou divergent par rapport à la littérature médicale et enfin III) de comparer leur compréhension de la complexité avec celle de la démarche INTERMED/IMSA.
Méthode : Cette étude qualitative a été conduite dans le canton de Vaud. Deux focus group de dix médecins et trois infirmières ont été réalisés, puis dix généralistes ont été interrogés individuellement quant à la complexité en médecine de famille. Une grille d’entretien semi-structurée a permis de conduire l’entretient puis une analyse thématique a été effectuée.
Résultats : La définition de la complexité en médecine de famille du point de vue des généralistes est un concept labile et multidimensionnel. Elle repose notamment sur deux domaines de complexité, à savoir les « poly-problèmes » qui ont attrait aux patients et les « difficultés aux quotidiens » qui sont liées au système de santé et au médecin. De plus, la complexité en médecine de famille, telle que les médecins généralistes la conçoivent, ne correspond pas toujours à la complexité biopsychosociale telle que décrite dans l’IMSA, notamment du fait que la perception qu’ont les médecins de famille des patients complexes est relativement hétérogène.
Conclusion : Cette étude montre que les représentations qu’ont les médecins de famille de la complexité, notamment de leurs patients, est beaucoup plus large et hétérogène que celle que peut décrire un outil tel que INTERMED/IMSA. Il semble dès lors important d’en tenir compte pour adapter de tels outils lors de leur mise en œuvre en pratique clinique en médecine de famille.