Élections fédérales 2023. Participation et choix électoral
Details
Download: Selects Studie 2023_FR.pdf (1455.89 [Ko])
State: Public
Version: Final published version
License: Not specified
State: Public
Version: Final published version
License: Not specified
Serval ID
serval:BIB_B7B5C50B1A49
Type
Booklet: work that is printed and bound, but without a named publisher or sponsoring institution.
Collection
Publications
Institution
Title
Élections fédérales 2023. Participation et choix électoral
Issued date
20/06/2024
Language
french
Abstract
L’essentiel en bref : L’UDC a profité des préoccupations envers l’immigration, le PS a gagné grâce aux électeur·trice·s qui se sont détourné·e·s des Vert·e·s
Tirant profit des préoccupations à l’égard de l’immigration et de l’asile, l’UDC a réussi à mobiliser de manière significative l’électorat qui l’avait déjà soutenu en 2019 et à con-vaincre d’ancien·ne·s électeur·trice·s du PLR. Le PS a, quant à lui, bénéficié de l’afflux de plus d’un quart de l’électorat qui avait voté, en 2019, pour les Vert·e·s. Il a en particu-lier gagné des voix auprès des moins de 25 ans, aux dépens des Vert·e·s et des Vert’ libéraux. Alors que le potentiel électoral du PLR a continué à chuter, le nouveau parti du Centre a pu non seulement profiter du soutien des anciennes électrices et des anciens électeurs du PDC et du PBD, mais aussi de transferts d’électeur·trice·s tant à gauche qu’à droite. C’est ce que montre la nouvelle édition de l’étude électorale suisse Selects, réalisée par FORS à Lausanne avec le soutien du Fonds national suisse.
Après leur recul en 2019, l’UDC et le PS sortent vainqueurs des élections fédérales 2023. Les partis écologistes ont été, quant à eux, incapables de confirmer leur succès électoral de 2019. La dernière étude du projet Selects, qui analyse depuis 1995 le comportement électoral des citoyennes et des citoyens lors des élections fédérales, révèle que le camp de droite a su mieux mobiliser sa base et la pousser à voter en 2023 par rapport à l’élection précédente. La participation électorale des personnes se situant sur la droite du spectre politique s’élève en effet à 55 pour cent, contre 49 pour cent en 2019. Et c’est l’UDC qui a excellé en la matière, avec près de 90 pour cent de celles et ceux qui avaient voté UDC en 2019 qui ont à nouveau glissé un bulletin UDC dans l’urne en 2023. L’UDC a, en outre, aussi su séduire une partie de l’électorat qui avait soutenu en 2019 le PLR et le PDC/PBD : 14 pour cent de l’électorat PLR et 7 pour cent de l’électorat PDC/PBD de 2019 a voté UDC en 2023. Le fait que les thèmes centraux de l’UDC tels que l’immigration et l’asile se soient imposés au fil de la campagne comme la principale pré-occupation de l’électorat, au détriment des questions environnementales et énergétiques, a profité au parti.
Ça bouge dans le camp de gauche
Les partis écologistes ont eu beaucoup de mal à conserver leur électorat de 2019. Les Vert·e·s n’arrivèrent à retenir que 54 pour cent de leur électorat de 2019, le PVL 61 pour cent. Les Vert·e·s ont ainsi vu un bon quart de leurs électrices et électeurs de 2019 les délaisser au profit du PS, alors que du côté du PVL, les désaffections au profit de la gauche (au PS ou chez les Vert·e·s) et de la droite (au Centre ou au PLR) se sont à peu près équilibrées. Le PVL a particulièrement souffert du recul de la participation électorale des jeunes. C’est auprès des 18-24 ans qu’il a perdu le plus de plumes par rapport à 2019 (-5 points de pourcentage). Contrairement au PS qui a connu sa plus forte progres-sion dans cette classe d’âge devenant, avec l’UDC, le premier parti de Suisse en nombre d’électrices et électeurs au sein des jeunes de 18-24 ans. Le PS a aussi mieux réussi qu’en 2019 à se poser en alternative aux Vert·e·s auprès des électeur·trice·s sensibles à l’environnement. Parmi les personnes pour lesquelles la préoccupation politique principale tourne autour des questions environnementales et énergétiques, le PS a pu faire jeu égal avec les Vert·e·s, avec près d’un quart des suffrages. Le fait que les thèmes de la baisse du pouvoir d’achat et de la hausse des primes maladies se soient avérés centraux dans la campagne a en outre aidé le PS à mobiliser sa base.
Le centre-droit en mutation
Le PLR n’a pas réussi à enrayer sa chute dans les intentions de vote. Il a perdu, au fil de la campagne, une part considérable de son électorat au profit de l’UDC. Un cinquième de celles et ceux qui pensaient voter PLR en juillet ont finalement voté UDC à l’automne. Le PLR n’a, en outre, eu de cesse de perdre en potentiel électoral depuis 2015, ce qui veut dire que le pourcentage de l’électorat qui ne peut envisager de voter pour lui augmente. Le PLR se trouve ainsi concurrencé par le nouveau parti du Centre qui, par rapport à l’ancien PDC, est devenu éligible pour de plus larges franges de la population. Si les ancien·ne·s électeur·trice·s du PDC et du PBD forment, certes, le socle du bon résultat du Centre en 2023, ayant voté à 82 pour cent pour lui, Le Centre a aussi réussi à attirer de nombreuses électrices et de nombreux électeurs de droite et de gauche.
Des dépenses de campagne élevées
L’enquête Selects auprès des candidat·e·s révèle que les candidat·e·s, en Suisse, dé-pensent des sommes élevées pour leur campagne personnelle. Calculées à partir de l’auto-déclaration des candidat·e·s, les dépenses moyennes par candidat·e s’élevaient, en 2023, à près de 5’500 francs, un quart des candidat·e·s n’ayant rien investi financiè-rement dans leur propre campagne.
Les candidats, avec près de 6’000 francs, disposaient de plus de moyens que les candi-dates, avec environ 4300 francs, tandis que les dépenses de campagne des élu·e·s, avec une moyenne d'un peu plus de 51’000 francs, dépassaient de loin celles des non-élu·e·s (3’900 francs). Le budget moyen le plus élevé est celui des candidat·e·s UDC, avec près de 12'000 francs investis, suivi·e·s des PLR avec près de 11'000 francs inves-tis, alors que les candidat·e·s du Centre et du PS purent compter sur moins de 5’000 francs, et celles et ceux des partis écologistes sur moins de 4'000 francs. Par extrapola-tion à l’ensemble des candidat·e·s, le budget de campagne total atteignait les 32,5 mil-lions de francs, un cinquième provenant des contributions des partis et près de 40 pour cent des dons ou des fonds propres des candidat·e·s.
Base et élite ne sont pas sur la même longueur d’onde
La comparaison des positions politiques des candidat·e·s et de leur électorat montre que les candidat·e·s du PS et des Vert·e·s se positionnent nettement plus à gauche que leur électorat, alors que les candidat·e·s du PLR et de l’UDC sont plus à droite que leurs partisan·e·s. Il existe donc une polarisation plus forte parmi les candidat·e·s qu’au sein de l’électorat. S’agissant des positions sur diverses questions de fond, c’est surtout sur les thèmes socioéconomiques qu’apparaissent des divergences au sein du camp de droite. Une majorité des candidat·e·s UDC et PLR soutiennent, en effet, un relèvement de l’âge de la retraite alors que leur électorat le rejette nettement. A l’inverse, une majori-té de l’électorat PLR et UDC soutient un salaire minimum à 4'000 francs pour un temps plein alors que les candidat·e·s le refusent.
Tirant profit des préoccupations à l’égard de l’immigration et de l’asile, l’UDC a réussi à mobiliser de manière significative l’électorat qui l’avait déjà soutenu en 2019 et à con-vaincre d’ancien·ne·s électeur·trice·s du PLR. Le PS a, quant à lui, bénéficié de l’afflux de plus d’un quart de l’électorat qui avait voté, en 2019, pour les Vert·e·s. Il a en particu-lier gagné des voix auprès des moins de 25 ans, aux dépens des Vert·e·s et des Vert’ libéraux. Alors que le potentiel électoral du PLR a continué à chuter, le nouveau parti du Centre a pu non seulement profiter du soutien des anciennes électrices et des anciens électeurs du PDC et du PBD, mais aussi de transferts d’électeur·trice·s tant à gauche qu’à droite. C’est ce que montre la nouvelle édition de l’étude électorale suisse Selects, réalisée par FORS à Lausanne avec le soutien du Fonds national suisse.
Après leur recul en 2019, l’UDC et le PS sortent vainqueurs des élections fédérales 2023. Les partis écologistes ont été, quant à eux, incapables de confirmer leur succès électoral de 2019. La dernière étude du projet Selects, qui analyse depuis 1995 le comportement électoral des citoyennes et des citoyens lors des élections fédérales, révèle que le camp de droite a su mieux mobiliser sa base et la pousser à voter en 2023 par rapport à l’élection précédente. La participation électorale des personnes se situant sur la droite du spectre politique s’élève en effet à 55 pour cent, contre 49 pour cent en 2019. Et c’est l’UDC qui a excellé en la matière, avec près de 90 pour cent de celles et ceux qui avaient voté UDC en 2019 qui ont à nouveau glissé un bulletin UDC dans l’urne en 2023. L’UDC a, en outre, aussi su séduire une partie de l’électorat qui avait soutenu en 2019 le PLR et le PDC/PBD : 14 pour cent de l’électorat PLR et 7 pour cent de l’électorat PDC/PBD de 2019 a voté UDC en 2023. Le fait que les thèmes centraux de l’UDC tels que l’immigration et l’asile se soient imposés au fil de la campagne comme la principale pré-occupation de l’électorat, au détriment des questions environnementales et énergétiques, a profité au parti.
Ça bouge dans le camp de gauche
Les partis écologistes ont eu beaucoup de mal à conserver leur électorat de 2019. Les Vert·e·s n’arrivèrent à retenir que 54 pour cent de leur électorat de 2019, le PVL 61 pour cent. Les Vert·e·s ont ainsi vu un bon quart de leurs électrices et électeurs de 2019 les délaisser au profit du PS, alors que du côté du PVL, les désaffections au profit de la gauche (au PS ou chez les Vert·e·s) et de la droite (au Centre ou au PLR) se sont à peu près équilibrées. Le PVL a particulièrement souffert du recul de la participation électorale des jeunes. C’est auprès des 18-24 ans qu’il a perdu le plus de plumes par rapport à 2019 (-5 points de pourcentage). Contrairement au PS qui a connu sa plus forte progres-sion dans cette classe d’âge devenant, avec l’UDC, le premier parti de Suisse en nombre d’électrices et électeurs au sein des jeunes de 18-24 ans. Le PS a aussi mieux réussi qu’en 2019 à se poser en alternative aux Vert·e·s auprès des électeur·trice·s sensibles à l’environnement. Parmi les personnes pour lesquelles la préoccupation politique principale tourne autour des questions environnementales et énergétiques, le PS a pu faire jeu égal avec les Vert·e·s, avec près d’un quart des suffrages. Le fait que les thèmes de la baisse du pouvoir d’achat et de la hausse des primes maladies se soient avérés centraux dans la campagne a en outre aidé le PS à mobiliser sa base.
Le centre-droit en mutation
Le PLR n’a pas réussi à enrayer sa chute dans les intentions de vote. Il a perdu, au fil de la campagne, une part considérable de son électorat au profit de l’UDC. Un cinquième de celles et ceux qui pensaient voter PLR en juillet ont finalement voté UDC à l’automne. Le PLR n’a, en outre, eu de cesse de perdre en potentiel électoral depuis 2015, ce qui veut dire que le pourcentage de l’électorat qui ne peut envisager de voter pour lui augmente. Le PLR se trouve ainsi concurrencé par le nouveau parti du Centre qui, par rapport à l’ancien PDC, est devenu éligible pour de plus larges franges de la population. Si les ancien·ne·s électeur·trice·s du PDC et du PBD forment, certes, le socle du bon résultat du Centre en 2023, ayant voté à 82 pour cent pour lui, Le Centre a aussi réussi à attirer de nombreuses électrices et de nombreux électeurs de droite et de gauche.
Des dépenses de campagne élevées
L’enquête Selects auprès des candidat·e·s révèle que les candidat·e·s, en Suisse, dé-pensent des sommes élevées pour leur campagne personnelle. Calculées à partir de l’auto-déclaration des candidat·e·s, les dépenses moyennes par candidat·e s’élevaient, en 2023, à près de 5’500 francs, un quart des candidat·e·s n’ayant rien investi financiè-rement dans leur propre campagne.
Les candidats, avec près de 6’000 francs, disposaient de plus de moyens que les candi-dates, avec environ 4300 francs, tandis que les dépenses de campagne des élu·e·s, avec une moyenne d'un peu plus de 51’000 francs, dépassaient de loin celles des non-élu·e·s (3’900 francs). Le budget moyen le plus élevé est celui des candidat·e·s UDC, avec près de 12'000 francs investis, suivi·e·s des PLR avec près de 11'000 francs inves-tis, alors que les candidat·e·s du Centre et du PS purent compter sur moins de 5’000 francs, et celles et ceux des partis écologistes sur moins de 4'000 francs. Par extrapola-tion à l’ensemble des candidat·e·s, le budget de campagne total atteignait les 32,5 mil-lions de francs, un cinquième provenant des contributions des partis et près de 40 pour cent des dons ou des fonds propres des candidat·e·s.
Base et élite ne sont pas sur la même longueur d’onde
La comparaison des positions politiques des candidat·e·s et de leur électorat montre que les candidat·e·s du PS et des Vert·e·s se positionnent nettement plus à gauche que leur électorat, alors que les candidat·e·s du PLR et de l’UDC sont plus à droite que leurs partisan·e·s. Il existe donc une polarisation plus forte parmi les candidat·e·s qu’au sein de l’électorat. S’agissant des positions sur diverses questions de fond, c’est surtout sur les thèmes socioéconomiques qu’apparaissent des divergences au sein du camp de droite. Une majorité des candidat·e·s UDC et PLR soutiennent, en effet, un relèvement de l’âge de la retraite alors que leur électorat le rejette nettement. A l’inverse, une majori-té de l’électorat PLR et UDC soutient un salaire minimum à 4'000 francs pour un temps plein alors que les candidat·e·s le refusent.
Keywords
Elections, Switzerland, Voting behaviour, Participation, Representation, Electoral Campaign
Open Access
Yes
Funding(s)
Swiss National Science Foundation / Infrastructure / 198472
Create date
25/09/2024 8:49
Last modification date
26/09/2024 7:29