Fondée à New York en 1976, la revue américaine October défend, face à la domination croissante de l’art par le marché, l’idée qu’un critère de qualité artistique subsiste. Il réside dans la capacité des œuvres à susciter une réflexivité critique sur les représentations, autrement dit sur les régimes de visibilité du présent. Cette critique a profondément façonné l’art contemporain tel que nous le connaissons. Alors même qu’elle remet en question des présupposés philosophiques majeurs sur l’art – concernant le beau, l’harmonie, ou les jugements – la philosophie s’est peu penchée sur ce corpus. C’est à cette lacune que cette recherche entend répondre.
October est ici mobilisée comme terrain théorique pour explorer la redéfinition de la valeur artistique. L’analyse s’organise autour de trois axes : « critique et présent », « forme et histoire », « art et structure ». Elle met en tension des cas concrets (Serra, Sherman, le MoMA, le film Octobre, Broodthaers…) avec les notions philosophiques que la revue mobilise ou reconfigure. Il ne s’agit pas d’en restituer une doctrine, mais d’éprouver certains présupposés de la philosophie de l’art, tels que la linéarité du progrès en art, l'immédiateté du jugement de goût, ou encore l'autonomie de l’œuvre.
La thèse propose ainsi une mise à l’épreuve des outils mêmes de la critique, en montrant comment une revue engagée, bien qu’elle participe à une logique de réification, tente sans cesse de renouveler sa portée.