Contexte : Cette étude qualitative porte sur les opinions et perceptions de la consommation de cigarettes électroniques jetables (puffs) chez les jeunes entre 14 et 25 ans en Suisse romande. Elle approfondit les données quantitatives de la première partie de l’étude montrant que 90% des jeunes connaissent les puffs et que 12% en consomme régulièrement.
Méthodes : Huit groupes de discussion ont été conduits avec un total de 51 jeunes (27 de genre féminin et 24 de genre masculin) âgé·es de 14 à 25 ans, consommant ou non des puffs et habitant dans les cantons de Vaud ou du Valais. Une grille d’entretien basée sur la littérature et sur les résultats quantitatifs a été créée. Elle regroupait les thématiques suivantes : connaissances générales des puffs, publicité et marketing, consommation, prévention et écologie. La discussion était amorcée par une question très large portant sur la définition des puffs. Afin d’extraire les différents thèmes et dimensions soulevés par les participant·es, une méthode d’analyse de contenu thématique a été utilisée. Ce processus de classification consiste en une catégorisation et un codage de données et permet de récolter les informations des participant·es sans théorie préconçue de l’équipe de recherche.
Résultats : Les participant·es ont défini les puffs sur la base de leur usage unique, de leurs goûts, couleurs et simplicité d’utilisation. Les connaissances des jeunes sur la composition des puffs étaient très floues et beaucoup ignoraient ce qu’elles contenaient (peu d’information sur les emballages). Au-delà de la visibilité des puffs dans l’espace public (notamment dans les mains des jeunes), elles sont aussi fortement promues dans certains magasins et par le bouche-à-oreille. Plusieurs participant·es ont fait part de la forte présence des puffs sur les réseaux sociaux, au travers de publications de comptes publics ou d’annonces sponsorisées. L’une des principales raisons de consommation de puffs repose sur la diversité des goûts, souvent décrits comme sucrés, fruités ou mentholés. L’aspect pratique et discret des puffs a également été relevé comme pouvant attirer les jeunes vers ce produit. L’initiation à la puff se ferait souvent sous l’influence du groupe et certain·es n’en consommeraient que lorsqu’ils·elles sont en milieux festifs, notamment par effet de mode, moyen d’intégration et/ou d’habitude. Les puffs sont considérées comme des produits très accessibles : elles se retrouvent dans tous les kiosques et divers commerces (p. ex. kebabs, boulangeries, salons de coiffure). Plusieurs commerces ne contrôlent pas l’âge, et cela même en Valais où une interdiction de vente aux mineurs est en vigueur. Des puffs possédant 5% de nicotine ont été achetées, malgré un maximum légal fixé à 2%. Plusieurs aspects négatifs des puffs ont été relevés : effets indésirables sur la santé, impact écologique, dépendance et risque de passage vers la cigarette, ainsi que leur coût. En plus d’approfondir les résultats de la partie quantitative, ces données mettent en évidence la grande accessibilité et l’attractivité des puffs, ainsi que leur promotion dans les points de vente et sur les réseaux sociaux. Ces nouvelles données soutiennent des recommandations concernant notamment la régulation et l’information.