Les procès-verbaux de la Société du comte de la Lippe – deux registres totalisant 782 pages manuscrites – réunissent les comptes-rendus des assemblées tenues entre 1742 et 1745 par un cercle informel de magistrats et d’érudits lausannois oeuvrant à l’éducation d'un jeune comte allemand, Simon Auguste de la Lippe-Detmold. Les sujets des 80 discussions protocolées dans ces pages ainsi que l’exercice didactique réservé au comte consistant à lui faire rédiger un résumé de chaque débat montrent qu'ils constituaient une sorte de manuel du prince. Un manuel que Simon Auguste utilisera lui-même dans l’éducation de son fils.
Témoignant de la pénétration précoce des Lumières dans une ville hautement cosmopolite dont les milieux cultivés se font l'écho des grands débats européens du moment, ces procès-verbaux constituent une source précieuse pour l'étude du XVIIIe siècle. Ils offrent un éclairage inédit sur la pratique du «Grand Tour» ainsi que sur la formation d’un futur prince pensée dans un cadre républicain et réformiste.