Il a existé dans les années 1960-1970 une génération de militants d’origine chrétienne portant une contestation radicale d’une Église catholique portée à droite et d’une Église protestante embourgeoisée. À partir d’une recherche combinant travail sur archive et récits de vie, cette thèse raconte sous un nouvel angle l’histoire de ces militants qui grandissent dans le catholicisme et le protestantisme des années d’après-guerre et qui, dans les années 68 en Suisse romande, contestent l’Église-institution et investissent les mobilisations et mouvements sociaux de la décennie. Elle explore les itinéraires biographiques d’une vingtaine d’entre eux, comme autant de portraits qui font apparaître les déterminants multiples et croisés qui façonnent leurs « carrières militantes ». La thèse commence par renseigner les matrices de politisation d’une fraction de la jeunesse chrétienne, et les vecteurs sociohistoriques de transformation de la fidélité religieuse de clercs et laïcs engagés dans la contestation de l’institution religieuse. Ce travail appréhende ensuite l’itinéraire de militants d’origine chrétienne en les inscrivant dans les configurations complexes qui font apparaître les rivalités, oppositions, et tensions entre une pluralité d’acteurs impliqués dans la dynamique de conflictualité de cette période. Analysant ensuite les carrières militantes en fonction des familles de mouvements (gauchisme, syndicalisme) et des modalités d’appartenance à l’institution (fidélité paradoxale), ce travail examine les logiques à travers lesquelles s’effectuent les investissements militants. L’entrée par les individus et les carrières militantes permet d’élargir l’étude de l’engagement et des mobilisations à l’ensemble des groupes formels et informels, des réseaux d’interconnaissance et des contestations au sein des institutions. Les études de cas constituent autant de scénarii mettant au jour la manière dont leur engagement reflète la formation de schèmes, dispositions, intérêts et aspirations forgés à travers leur socialisation, expériences et appartenances à des groupes sociaux.
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In the 1960s and 1970s, there was a generation of activists of Christian origin who were radically challenging a right-wing Catholic Church and a mainstream Protestant Church. Based on research combining archival work and life stories, this thesis tells the story of these activists who grew up in Catholicism and Protestantism in the post-war years from a new perspective; and who, in the 1968's in French-speaking Switzerland, challenged the Church-institution and took part in the mobilizations and social movements of the decade. This work explores the biographical itineraries of some twenty of them, as many portraits that reveal the multiple and intersecting determinants that shape their "militant careers". The thesis begins by providing insight into the matrices of politicization of a fraction of Christian youth, and the socio-historical vectors of transformation of the religious fidelity of clerics and laity later engaged in the contestation of the religious institution. This work, then, apprehends the routes of militants of Christian origin by placing them in the complex configurations that reveal the rivalries, oppositions, and tensions between a plurality of actors implicated in some way in the dynamics of conflictuality of this period. Analyzing the militant careers according to the families of movements (leftism, syndicalism) and the modalities of belonging to the institution (paradoxical fidelity), this work examines thn the logics through which the militant investments are carried out. The entry through individuals and "militant careers" allows us to broaden the study of commitment and mobilizations to the whole range of formal and informal groups, networks and contestations within institutions. The case studies provide scenarii of how their engagement reflects the formation of schemes, dispositions, interests, and aspirations forged through their socialization, experiences, and belonging to social groups.