L’insuffisance cardiaque est une maladie prévalente (1–3) causant un nombre important de
symptômes (4–8). Les soins palliatifs offrent de nombreux bénéfices chez les patients souffrant
d’insuffisance cardiaque (9–12). Pourtant, les patients souffrant d’insuffisance cardiaque n’ont
que peu accès à des soins palliatifs ou seulement tardivement dans l’évolution de leur maladie
à cause des nombreuse barrières diminuant l’accès des patients souffrant d’insuffisance
cardiaque aux soins palliatifs (13).
L’objectif de ce travail est de décrire les profils cliniques des patients atteints d’insuffisance
cardiaque terminale suivis par l’équipe mobile intra-hospitalière de soins palliatifs du CHUV
(EMSP). Ces profils seront comparés avec ceux de patients atteints d’un cancer avancé et suivis
par l’EMSP sur la même période (janvier à décembre 2021).
Il s’agit d’une étude rétrospective quantitative issue de l’analyse des dossiers informatisés du
CHUV. Les données récoltées comprennent des données socio-démographiques, notamment
l’âge, le sexe et le score de Barthel, ainsi que des données cliniques comme les symptômes et
les propositions de l’équipe mobile.
Notre échantillon comprend une majorité de patients souffrant de cancer avancé avec 168
patients, 36 patients souffrant d’insuffisance cardiaque terminale et 20 patients souffrant de
ces 2 pathologies. Les patients atteints d’insuffisance cardiaque ayant eu une consultation de
soins palliatifs est une population âgée de 86.5 ans avec un score de Barthel de 30, dont 13.9%
d’entre eux ont une documentation d’être réanimés et 25% ont des directives anticipées
documentées. Ils présentent un nombre important de symptômes avec une fatigue à 7/10, une
anxiété à 7/10, un manque d’appétit à 6/10, une dépression à 5/10, une dyspnée à 4.5/10, une
somnolence à 4/10 et une douleur à 4/10. Lors de la consultation, 91.7% reçoivent une gestion
de symptômes, dont une première prescription d’opioïde chez 21.2%. Ils n’ont eu qu’une seule
(en médiane) consultation de soins palliatifs, à la suite de celle-ci ils ont vécu en médiane 5
jours.
Les patients souffrant d’insuffisance cardiaque sont plus âgés que les patients souffrant de
cancer avancé. Ils ont plus de directives anticipées documentées et souhaitent moins être
réanimés. Ils présentent une dyspnée, une anxiété et une dépression plus importante que les
patients souffrant d’un cancer avancé et les autres symptômes ne sont pas significativement
différents. Les patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale ont moins de consultations
de soins palliatifs et les patients souffrant de cancer avancé sont plus souvent hospitalisés.
Au vu de la symptomatologie au moins aussi importante chez les patients souffrant
d’insuffisance cardiaque terminale, cette population devrait avoir tout autant accès à une
consultation de soins palliatifs que les patients souffrant d’un cancer avancé.